Chapitre 46 d’Aurore Chrétienne, de l’Esprit Neio Lucio et psychographié par Chico Xavier.
Dionysos, le meunier, est parti très tôt en compagnie de son fils, en direction du grand champ de maïs.
La matinée s’annonçait belle.
Les collines voisines semblaient habillées de mousseline flottante.
Les brins d’herbe, ayant encore la rosée nocturne, ressemblaient à un tissu vert exquis, décoré de perles. Les fleurs rouges, çà et là, donnaient l’idée de bijoux éparpillés sur le sol.
Les arbres, très grands, au bord de la route, se réveillaient doucement au souffle du vent.
Le soleil apparaissait brillant, revêtant le paysage d’une couronne resplendissante.
Ronaldo, le petit guidé par la main paternelle, suivait tout émerveillé. Il ne savait qu’admirer le plus : le drap de brouillard très blanc ou l’horizon flamboyant de lumière. À un moment, il a
demandé, heureux :
– Papa, de qui est tout ce monde ?
– Tout appartient au Créateur, mon fils – a expliqué le meunier content – le soleil, l’air, les eaux, les arbres et les fleurs, tout, tout est son œuvre à lui, notre Père et Seigneur.
– Pourquoi tout cela ? – a continué joyeusement le petit.
– Afin que nous puissions profiter de cette école divine qu’est la Terre.
– L’école ?
– Oui, mon fils – a dit le père, patient – ici, nous devons apprendre dans le travail, à nous aimer les uns les autres, à améliorer nos sentiments, nous devons apprendre comment perfectionner le sol sur lequel nous marchons, transformer les collines, les plaines et les rochers en villes, en fermes, en écuries, en vergers, en champs de maïs et en jardins.
Ronaldo n’a pas immédiatement compris ce que signifiait « améliorer nos sentiments » ; cependant, il savait parfaitement ce qu’était l’enlèvement d’un tas de pierres. Surpris, il a demandé, à nouveau :
– Alors, papa, nous sommes obligés de travailler autant ?
Comment sera-t-il possible de modifier ce monde si grand ?
Le meunier a réfléchi quelques instants et a observé :
– Mon fils, j’ai entendu dire qu’une hirondelle se promenait seule quand elle a remarqué qu’un feu brûlait son champ préféré. Le feu dévorait les plantes et les nids. En vain, elle a crié à l’aide. Voyant que personne n’écoutait ses appels, elle s’est dirigée rapidement vers le ruisseau non loin de là, elle a plongé ses petites ailes dans l’eau froide et claire ; puis elle est retournée dans la zone de l’incendie, et a secoué ses ailes mouillées sur les flammes dévorantes, cherchant à les éteindre. Elle a répété l’opération, plusieurs fois, lorsqu’un faucon paresseux s’est approché, lui demandant avec ironie : «Tu crois, en vérité, combattre un incendie si grand avec quelques gouttes d’eau ?» La petite hirondelle serviable, cependant, a répondu calmement :
«Il est probable que je ne puisse pas faire tout le travail ; cependant, je suis immensément heureuse d’accomplir mon devoir».
Le meunier a fait une pause et a interrogé son fils :
– Ne crois-tu pas que nous pouvons imiter cet exemple ?
Si nous procédions tous comme l’hirondelle active et vigilante, en peu de temps la Terre entière serait transformée en paradis.
L’enfant se tut, comprenant l’étendue de l’enseignement et contemplant la beauté du paysage du matin, depuis les bords du chemin jusqu’à la montagne lointaine, il se promit de chercher à remplir, dans le monde, toutes les obligations qui lui incomberaient dans l’œuvre sublime du Bien infini.