Dieu

Quelles sont les explications du spiritisme sur Dieu ?

A défaut de paramètre pour définir l’indéfinissable et ne pouvant pas atteindre l’inatteignable, l’être humain a imaginé Dieu à son image et à sa ressemblance. Dans la vision anthropomorphique qui domine notre conception religieuse de Dieu, le Créateur est un être humain amélioré, sujet à des sauts d’humeur. Il est décrit comme un homme grand, avec une grande barbe blanche, placé quelque part dans l’Univers, d’où il dirige, son côté droit étant réservé aux bons et son côté gauche étant réservé aux mauvais.

Comment une fourmi pourrait comprendre l’être humain ? Il lui manque quelque chose d’indispensable : la conscience d’elle-même et la raison. Comment pourrions-nous vouloir comprendre l’essence du Créateur incréé ?

Quand Allan Kardec, le codificateur de la doctrine spirite, a interrogé les esprits supérieurs à ce sujet, il n’a pas demandé qui est Dieu, car cela reviendrait à supposer qu’il soit quelqu’un. Il s’est limité à demander « qu’est-ce que Dieu ? », laissant le champ ouvert à la réponse, qui a été :

« Dieu est l’intelligence suprême, cause première de toutes choses[1]. » « Dieu est éternel, infini, immuable, immatériel, unique, tout-puissant, souverainement juste et bon[2]. »

 Cette réponse nous suffit. Vouloir l’approfondir serait une perte de temps et un motif de perturbation. En comprenant Dieu en tant que cause première de tout ce qui existe et connaissant Ses attributs, nous saurons le respecter et aussi suivre Ses lois.

Pour nous, le Créateur se fait présent partout en même temps. Il traite tout le monde de manière aimante et juste, sans distinction, que nous soyons bons ou mauvais, noirs, jaunes ou blancs, sages ou ignorants, riches ou pauvres, croyants ou athées. Il donne aussi à tous les mêmes opportunités de développement de l’intelligence et de l’amour, à chacun de suivre Ses lois ou de souffrir les conséquences naturelles du réajustement.

Bien que la compréhension de son essence demeure lointaine, son amour incommensurable est très proche de nous. C’est pour cela que nous L’adorons en esprit et remercions pour toutes les bénédictions que chaque jour nous offre dans la marche incessante à la recherche du bonheur. Nous acceptons Sa justice et Son amour mais ne Le concevons pas en train de nous imposer des châtiments, car nous savons que même les douleurs et les obstacles de la vie sont des expériences nécessaires à notre mûrissement. En tant que source inépuisable d’amour, nous Lui supplions les forces nécessaires au dépassement de la souffrance car nous reconnaissons notre petitesse.

Nous avons appris avec Jésus que Dieu est NOTRE PERE, qui nous a créés pour l’amour et le bonheur, mais que cela est une conquête que nous devons atteindre par nos propres mérites, par l’exercice constant du Bien.


[1] Note du traducteur : question n°1 du Livre des Esprits, Allan Kardec.

[2] Note du traducteur : question n°13 du Livre des Esprits, Allan Kardec.


Texte issu du chapitre 3 du livre « Réponses Spirites » de Donizete Pinheiro, éditions EME, Brésil, pas encore paru en français. Traduction par Fabio S. da Silva.

Déceptions. Ingratitude. Affections brisées.

Extraits du Livre des Esprits d’Allan Kardec.

937. Les déceptions que nous font éprouver l’ingratitude et la fragilité des liens de l’amitié, ne sont-elles pas aussi pour l’homme de cœur une source d’amertume ?

« Oui ; mais nous vous apprenons à plaindre les ingrats et les amis infidèles : ils seront plus malheureux que vous. L’ingratitude est fille de l’égoïsme, et l’égoïste trouvera plus tard des cœurs insensibles comme il l’a été lui-même. Songez à tous ceux qui ont fait plus de bien que vous, qui valurent mieux que vous, et qui ont été payés par l’ingratitude. Songez que Jésus lui-même a été bafoué et méprisé de son vivant, traité de fourbe et d’imposteur, et ne vous étonnez pas qu’il en soit de même à votre égard. Que le bien que vous avez fait soit votre récompense en ce monde, et ne regardez pas ce qu’en disent ceux qui l’ont reçu. L’ingratitude est une épreuve pour votre persistance à faire le bien ; il vous en sera tenu compte, et ceux qui vous ont méconnu en seront punis d’autant plus que leur ingratitude aura été plus grande. »

938. Les déceptions causées par l’ingratitude ne sont-elles pas faites pour endurcir le cœur et le fermer à la sensibilité ?

« Ce serait un tort ; car l’homme de cœur, comme tu dis, est toujours heureux du bien qu’il fait. Il sait que si l’on ne s’en souvient pas en cette vie, on s’en souviendra dans une autre, et que l’ingrat en aura de la honte et des remords. »

– Cette pensée n’empêche pas son cœur d’être ulcéré ; or, cela ne peut-il faire naître en lui l’idée qu’il serait plus heureux s’il était moins sensible ?

« Oui, s’il préfère le bonheur de l’égoïste ; c’est un triste bonheur que celui-là ! Qu’il sache donc que les amis ingrats qui l’abandonnent ne sont pas dignes de son amitié, et qu’il s’est trompé sur leur compte ; dès lors, il ne doit pas les regretter. Plus tard il en trouvera qui sauront mieux le comprendre. Plaignez ceux qui ont pour vous de mauvais procédés que vous n’avez pas mérités, car il y aura pour eux un triste retour ; mais ne vous en affectez pas : c’est le moyen de vous mettre au-dessus d’eux. »

La nature a donné à l’homme le besoin d’aimer et d’être aimé. Une des plus grandes jouissances qui lui soit accordée sur la terre, c’est de rencontrer des cœurs qui sympathisent avec le sien ; elle lui donne ainsi les prémices du bonheur qui lui est réservé dans le monde des Esprits parfaits où tout est amour et bienveillance : c’est une jouissance qui est refusée à l’égoïste.

L’influence des Esprits sur nos pensées et sur nos actions

Extrais du chapitre 9 du Livre des Esprits – Allan Kardec.

459. Les Esprits influent-ils sur nos pensées et sur nos actions ?

« Sous ce rapport leur influence est plus grande que vous ne croyez, car bien souvent ce sont eux qui vous dirigent. »

460. Avons-nous des pensées qui nous sont propres, et d’autres qui nous sont suggérées ?

« Votre âme est un Esprit qui pense ; vous n’ignorez pas que plusieurs pensées vous arrivent à la fois sur un même sujet, et souvent bien contraires les unes aux autres ; eh bien ! il y en a toujours de vous et de nous ; c’est ce qui vous met dans l’incertitude, parce que vous avez en vous deux idées qui se combattent. »

461. Comment distinguer les pensées qui nous sont propres de celles qui nous sont suggérées ?

« Lorsqu’une pensée est suggérée, c’est comme une voix qui vous parle. Les pensées propres sont en général celles du premier mouvement. Du reste, il n’y a pas un grand intérêt pour vous dans cette distinction, et il est souvent utile de ne pas le savoir : l’homme agit plus librement ; s’il se décide pour le bien, il le fait plus volontiers ; s’il prend le mauvais chemin, il n’en a que plus de responsabilité. »

462. Les hommes d’intelligence et de génie puisent-ils toujours leurs idées dans leur propre fonds ?

« Quelquefois, les idées viennent de leur propre Esprit, mais souvent elles leur sont suggérées par d’autres Esprits qui les jugent capables de les comprendre et dignes de les transmettre. Quand ils ne les trouvent pas en eux, ils font appel à l’inspiration ; c’est une évocation qu’ils font sans s’en douter. »

S’il eût été utile que nous puissions distinguer clairement nos pensées propres de celles qui nous sont suggérées, Dieu nous en eût donné le moyen, comme il nous donne celui de distinguer le jour et la nuit. Quand une chose est dans le vague, c’est que cela doit être pour le bien.

463. On dit quelquefois que le premier mouvement est toujours bon ; cela est-il exact ?

« Il peut être bon ou mauvais selon la nature de l’Esprit incarné. Il est toujours bon chez celui qui écoute les bonnes inspirations. »

464. Comment distinguer si une pensée suggérée vient d’un bon ou d’un mauvais Esprit ?

« Etudiez la chose ; les bons Esprits ne conseillent que le bien ; c’est à vous de distinguer. »

465. Dans quel but les Esprits imparfaits nous poussent-ils au mal ?

« Pour vous faire souffrir comme eux. »

– Cela diminue-t-il leurs souffrances ?

« Non, mais ils le font par jalousie de voir des êtres plus heureux. »

– Quelle nature de souffrance veulent-ils faire éprouver ?

« Celles qui résultent d’être d’un ordre inférieur et éloigné de Dieu. »

466. Pourquoi Dieu permet-il que des Esprits nous excitent au mal ?

« Les Esprits imparfaits sont des instruments destinés à éprouver la foi et la constance des hommes dans le bien. Toi, étant Esprit, tu dois progresser dans la science de l’infini, c’est pour cela que tu passes par les épreuves du mal pour arriver au bien. Notre mission est de te mettre dans le bon chemin, et quand de mauvaises influences agissent sur toi, c’est que tu les appelles par le désir du mal, car les Esprits inférieurs viennent à ton aide dans le mal quand tu as la volonté de le commettre ; ils ne peuvent t’aider dans le mal que quand tu veux le mal. Si tu es enclin au meurtre, eh bien ! tu auras une nuée d’Esprits qui entretiendront cette pensée en toi ; mais aussi tu en as d’autres qui tâcheront de t’influencer en bien, ce qui fait que cela rétablit la balance et te laisse le maître. »

C’est ainsi que Dieu laisse à notre conscience le choix de la route que nous devons suivre, et la liberté de céder à l’une ou à l’autre des influences contraires qui s’exercent sur nous.

467. Peut-on s’affranchir de l’influence des Esprits qui sollicitent au mal ?

« Oui, car ils ne s’attachent qu’à ceux qui les sollicitent par leurs désirs ou les attirent par leurs pensées. »

468. Les Esprits dont l’influence est repoussée par la volonté renoncent-ils à leurs tentatives ?

« Que veux-tu qu’ils fassent ? Quand il n’y a rien à faire, ils cèdent la place ; cependant, ils guettent le moment favorable, comme le chat guette la souris. »

469. Par quel moyen peut-on neutraliser l’influence des mauvais Esprits ?

« En faisant le bien, et en mettant toute votre confiance en Dieu, vous repoussez l’influence des Esprits inférieurs et vous détruisez l’empire qu’ils voulaient prendre sur vous. Gardez-vous d’écouter les suggestions des Esprits qui suscitent en vous de mauvaises pensées, qui soufflent la discorde entre vous, et qui excitent en vous toutes les mauvaises passions. Défiez-vous surtout de ceux qui exaltent votre orgueil, car ils vous prennent par votre faible. Voilà pourquoi Jésus vous fait dire dans l’oraison dominicale : Seigneur ! ne nous laissez pas succomber à la tentation, mais délivrez-nous du mal. »

470. Les Esprits qui cherchent à nous induire au mal, et qui mettent ainsi à l’épreuve notre fermeté dans le bien, ont-ils reçu mission de le faire, et si c’est une mission qu’ils accomplissent en ont-ils la responsabilité ?

« Nul Esprit ne reçoit la mission de faire le mal ; quand il le fait, c’est de sa propre volonté, et par conséquent il en subit les conséquences. Dieu peut le lui laisser faire pour vous éprouver, mais il ne le lui commande pas, et c’est à vous de le repousser. »

471. Lorsque nous éprouvons un sentiment d’angoisse, d’anxiété indéfinissable ou de satisfaction intérieure sans cause connue, cela tient-il uniquement à une disposition physique ?

« C’est presque toujours un effet des communications que vous avez à votre insu avec les Esprits, ou que vous avez eues avec eux pendant le sommeil. »

472. Les Esprits qui veulent nous exciter au mal ne font-ils que profiter des circonstances où nous nous trouvons, ou peuvent-ils faire naître ces circonstances ?

« Ils profitent de la circonstance, mais souvent ils la provoquent en vous poussant à votre insu vers l’objet de votre convoitise. Ainsi, par exemple, un homme trouve sur son chemin une somme d’argent : ne crois pas que ce sont les Esprits qui ont apporté l’argent en cet endroit, mais ils peuvent donner à l’homme la pensée de se diriger de ce côté, et alors la pensée lui est suggérée par eux de s’en emparer, tandis que d’autres lui suggèrent celle de rendre cet argent à celui à qui il appartient. Il en est de même de toutes les autres tentations. »

Le Bien et le Mal d’après quelques questions du livre des Esprits

120. Tous les Esprits passent-ils par la filière du mal pour arriver au bien ?

« Non par la filière du mal, mais par celle de l’ignorance. »

121. Pourquoi certains Esprits ont-ils suivi la route du bien, et d’autres celle du mal ?

« N’ont-ils pas leur libre arbitre ? Dieu n’a point créé d’Esprits mauvais ; il les a créés simples et ignorants, c’est-à-dire ayant autant d’aptitude pour le bien que pour le mal ; ceux qui sont mauvais le deviennent par leur volonté. »

122. Comment les Esprits, à leur origine, alors qu’ils n’ont pas encore la conscience d’eux-mêmes, peuvent-ils avoir la liberté du choix entre le bien et le mal ? Y a-t-il en eux un principe, une tendance quelconque, qui les porte plutôt dans une voie que dans une autre ?

« Le libre arbitre se développe à mesure que l’Esprit acquiert la conscience de lui-même. Il n’y aurait plus liberté si le choix était sollicité par une cause indépendante de la volonté de l’Esprit. La cause n’est pas en lui, elle est hors de lui, dans les influences auxquelles il cède en vertu de sa libre volonté. C’est la grande figure de la chute de l’homme et du péché originel : les uns ont cédé à la tentation, les autres ont résisté. »

– D’où viennent les influences qui s’exercent sur lui ?

« Des Esprits imparfaits qui cherchent à s’emparer de lui, à le dominer, et qui sont heureux de le faire succomber. C’est ce que l’on a voulu peindre par la figure de Satan. »

– Cette influence ne s’exerce-t-elle sur l’Esprit qu’à son origine ?

« Elle le suit dans sa vie d’Esprit jusqu’à ce qu’il ait tellement pris d’empire sur lui-même, que les mauvais renoncent à l’obséder. »

629. Quelle définition peut-on donner de la morale ?

« La morale est la règle pour se bien conduire, c’est-à-dire la distinction entre le bien et le mal. Elle est fondée sur l’observation de la loi de Dieu. L’homme se conduit bien quand il fait tout en vue et pour le bien de tous, car alors il observe la loi de Dieu. »

630. Comment peut-on distinguer le bien et le mal ?

« Le bien est tout ce qui est conforme à la loi de Dieu, et le mal tout ce qui s’en écarte. Ainsi, faire le bien, c’est se conformer à la loi de Dieu ; faire le mal, c’est enfreindre cette loi. »

631. L’homme a-t-il par lui-même les moyens de distinguer ce qui est bien de ce qui est mal ?

« Oui, quand il croit en Dieu et qu’il veut le savoir. Dieu lui a donné l’intelligence pour discerner l’un de l’autre. »

632. L’homme, qui est sujet à l’erreur, ne peut-il se tromper dans l’appréciation du bien et du mal, et croire qu’il fait bien quand en réalité il fait mal ?

« Jésus vous l’a dit : voyez ce que vous voudriez qu’on fît ou ne fît pas pour vous : tout est là. Vous ne vous tromperez pas. »

642. suffit-il de ne point faire de mal pour être agréable à Dieu et assurer sa position à venir ?

« Non, il faut faire le bien dans la limite de ses forces ; car chacun répondra de tout le mal qui aura été fait à cause du bien qu’il n’aura pas fait. »

L’homme bon

De l’Esprit Emmanuel, dans le livre Religion des Esprits, psychographié par Francisco Cândido Xavier – En référence à la question n°918 du Livre des Esprits.


On raconte qu’une fois que Jésus eut narré la parabole du bon Samaritain, il fut à nouveau interpellé par le docteur de la loi qui allégua ne pas avoir compris complètement la leçon, et
d’une manière subtile lui demanda :

-Maître, que devrais-je faire pour être considéré comme un homme bon ?
Avec une patience admirable, le Seigneur lui répondit :

– Imagine-toi que le mutisme inhibe ta faculté de parler correctement, dis-toi combien tu serais reconnaissant si un compagnon prononçait à ta place les mots restés coincés dans ta bouche !

« Imagine-toi aveugle des suites d’une infirmité irrémédiable. Quelle joie serait la tienne de pouvoir te promener en prenant la main tendue qui viendrait soutenir ton pas incertain
et garantir ta sécurité !

« Imagine-toi tombé et découragé sur la voie publique, et tu verras combien tu apprécies la consolation des bras qui t’offrent leur aide sans manquer de respect pour tes souffrances.

« Imagine-toi frappé d’une maladie contagieuse et réfléchis à la satisfaction qui illuminerait ton cœur à la visite d’un ami qui viendrait te témoigner quelques minutes de solidarité.
« Imagine-toi en prison à souffrir de l’incompréhension du monde, et dis-toi combien tu serais ému par le geste de courage du frère qui chercherait à t’exprimer sa sympathie.
« Imagine-toi chez toi sans rien à manger, bravant l’amertume et la pénurie. Pense au bonheur qui serait le tien si subitement pour te soutenir quelqu’un t’apportait son aide sans te questionner sur ta croyance et sans exiger d’examen de conscience.

Imagine-toi dans l’erreur à subir les sarcasmes d’un grand nombre. Combien le baume de l’indulgence de ceux qui excuseraient ta faute te calmerait et t’encouragerait à recommencer !

« Imagine-toi fatigué et intempérant. Combien ne serais-tu pas reconnaissant envers ceux qui t’offriraient la prière du silence et une phrase de sympathie ! »

Puis, après un intervalle spontané, le divin ami lui demanda :

— A ton avis, dans de telles circonstances, quels auraient été les hommes bons ?
— Ceux qui auraient fait preuve de compréhension et de miséricorde envers moi – répondit l’interlocuteur.
— Alors — lui fit Jésus avec bonté -, va de l’avant et fais de même.

L’homme, dans ses différentes incarnations, conserve-t-il des traces du caractère physique des existences antérieures ?

Question 217 du Livre des Esprits – Allan Kardec


« Le corps est détruit et le nouveau n’a aucun rapport avec l’ancien. Cependant, l’Esprit se reflète sur le corps ; certes, le corps n’est que matière, mais malgré cela il est modelé sur les capacités de l’Esprit qui lui imprime un certain caractère, principalement sur la figure, et c’est avec vérité qu’on a désigné les yeux comme le miroir de l’âme ; c’est-à-dire que la figure, plus particulièrement, reflète l’âme ; car telle personne excessivement laide a pourtant quelque chose qui plaît quand elle est l’enveloppe d’un Esprit bon, sage, humain, tandis qu’il y a des figures très belles qui ne te font rien éprouver, pour lesquelles même tu as de la répulsion. Tu pourrais croire qu’il n’y a que les corps bien faits qui soient l’enveloppe des Esprits les plus parfaits, tandis que tu rencontres tous les jours des hommes de bien sous des dehors difformes. Sans avoir une ressemblance prononcée, la similitude des goûts et des penchants peut donc donner ce qu’on appelle un air de famille. »

Le corps que revêt l’âme dans une nouvelle incarnation n’ayant aucun rapport nécessaire avec celui qu’elle a quitté, puisqu’elle peut le tenir d’une tout autre souche, il serait absurde de conclure une succession d’existences d’une ressemblance qui n’est que fortuite. Cependant les qualités de l’Esprit modifient souvent les organes qui servent à leurs manifestations et impriment sur la figure, et même à l’ensemble des manières, un cachet distinct. C’est ainsi que sous l’enveloppe la plus humble, on peut trouver l’expression de la grandeur et de la dignité, tandis que sous l’habit du grand seigneur on voit quelquefois celle de la bassesse et de l’ignominie. Certaines personnes sorties de la position la plus infime prennent sans efforts les habitudes et les manières du grand monde. Il semble qu’elles y retrouvent leur élément, tandis que d’autres, malgré leur naissance et leur éducation, y sont toujours déplacées. Comment expliquer ce fait autrement que comme un reflet de ce qu’a été l’Esprit ?

Connaissance de soi-même

Question numéro 919 du Livre des Esprits : Quel est le moyen pratique le plus efficace pour s’améliorer en cette vie et résister à l’entraînement du mal ?

« Un sage de l’antiquité vous l’a dit : Connais-toi toi-même. »

– Nous concevons toute la sagesse de cette maxime, mais la difficulté est précisément de se connaître soi-même ; quel est le moyen d’y parvenir ?

« Faites ce que je faisais moi-même de mon vivant sur la terre : à la fin de la journée, j’interrogeais ma conscience, je passais en revue ce que j’avais fait et me demandais si je n’avais pas manqué à quelque devoir ; si personne n’avait eu à se plaindre de moi. C’est ainsi que j’étais parvenu à me connaître et à voir ce qu’il y avait à réformer en moi. Celui qui, chaque soir, rappellerait toutes ses actions de la journée et se demanderait ce qu’il a fait de bien ou de mal, priant Dieu et son ange gardien de l’éclairer, acquerrait une grande force pour se perfectionner, car croyez-moi, Dieu l’assistera. Posez-vous donc des questions, et demandez-vous ce que vous avez fait et dans quel but vous avez agi en telle circonstance ; si vous avez fait quelque chose que vous blâmeriez de la part d’autrui ; si vous avez fait une action que vous n’oseriez avouer. Demandez-vous encore ceci : S’il plaisait à Dieu de me rappeler en ce moment, aurais-je, en rentrant dans le monde des Esprits où rien n’est caché, à redouter la vue de quelqu’un ? Examinez ce que vous pouvez avoir fait contre Dieu, puis contre votre prochain, et enfin contre vous-même. Les réponses seront un repos pour votre conscience, ou l’indication d’un mal qu’il faut guérir.

La connaissance de soi-même est donc la clef de l’amélioration individuelle ; mais, direz-vous, comment se juger ? N’a-t-on pas l’illusion de l’amour-propre qui amoindrit les fautes et les fait excuser ? L’avare se croit simplement économe et prévoyant ; l’orgueilleux croit n’avoir que de la dignité. Cela n’est que trop vrai, mais vous avez un moyen de contrôle qui ne peut vous tromper. Quand vous êtes indécis sur la valeur d’une de vos actions, demandez-vous comment vous la qualifieriez si elle était le fait d’une autre personne ; si vous la blâmez en autrui, elle ne saurait être plus légitime en vous, car Dieu n’a pas deux mesures pour la justice. Cherchez aussi à savoir ce qu’en pensent les autres, et ne négligez pas l’opinion de vos ennemis, car ceux-là n’ont aucun intérêt à farder la vérité, et souvent Dieu les place à côté de vous comme un miroir pour vous avertir avec plus de franchise que ne le ferait un ami. Que celui qui a la volonté sérieuse de s’améliorer explore donc sa conscience afin d’en arracher les mauvais penchants, comme il arrache les mauvaises herbes de son jardin ; qu’il fasse la balance de sa journée morale, comme le marchand fait celle de ses pertes et bénéfices, et je vous assure que l’une lui rapportera plus que l’autre. S’il peut se dire que sa journée a été bonne, il peut dormir en paix et attendre sans crainte le réveil d’une autre vie.

Posez-vous donc des questions nettes et précises et ne craignez pas de les multiplier : on peut bien donner quelques minutes pour conquérir un bonheur éternel. Ne travaillez-vous pas tous les jours en vue d’amasser de quoi vous donner le repos sur vos vieux jours ? Ce repos n’est-il pas l’objet de tous vos désirs, le but qui vous fait endurer des fatigues et des privations momentanées ? Eh bien ! qu’est-ce que ce repos de quelques jours, troublé par les infirmités du corps, à côté de celui qui attend l’homme de bien ? Cela ne vaut-il pas la peine de faire quelques efforts ? Je sais que beaucoup disent que le présent est positif et l’avenir incertain ; or, voilà précisément la pensée que nous sommes chargés de détruire en vous, car nous voulons vous faire comprendre cet avenir de manière à ce qu’il ne puisse laisser aucun doute dans votre âme ; c’est pourquoi nous avons d’abord appelé votre attention par des phénomènes de nature à frapper vos sens, puis nous vous donnons des instructions que chacun de vous est chargé de répandre. C’est dans ce but que nous avons dicté le Livre des Esprits. »

SAINT AUGUSTIN

Beaucoup de fautes que nous commettons passent inaperçues pour nous ; si, en effet, suivant le conseil de saint Augustin, nous interrogions plus souvent notre conscience, nous verrions combien de fois nous avons failli sans y penser, faute par nous de scruter la nature et le mobile de nos actes. La forme interrogative a quelque chose de plus précis qu’une maxime que souvent on ne s’applique pas. Elle exige des réponses catégoriques par oui ou par non qui ne laissent pas d’alternative ; ce sont autant d’arguments personnels, et par la somme des réponses on peut supputer la somme du bien et du mal qui est en nous.

Un résumé de la doctrine spirite

Texte extrait du Livre des Esprits d’Allan Kardec (partie VI de l’introduction à l’étude de la doctrine spirite)


Les êtres qui se communiquent ainsi se désignent eux-mêmes, comme nous l’avons dit, sous le nom d’Esprits ou de génies, et comme ayant appartenu, pour quelques-uns du moins, aux hommes qui ont vécu sur la terre. Ils constituent le monde spirituel, comme nous constituons pendant notre vie le monde corporel.

Nous résumons ici, en peu de mots, les points les plus saillants de la doctrine qu’ils nous ont transmise, afin de répondre plus facilement à certaines objections.

« Dieu est éternel, immuable, immatériel, unique, tout-puissant, souverainement juste et bon.  »

« Il a créé l’univers qui comprend tous les êtres animés et inanimés, matériels et immatériels.  »

« Les êtres matériels constituent le monde visible ou corporel, et les êtres immatériels le monde invisible ou spirite, c’est-à-dire des Esprits.  »

« Le monde spirite est le monde normal, primitif, éternel, préexistant et survivant à tout.  »

« Le monde corporel n’est que secondaire ; il pourrait cesser d’exister, ou n’avoir jamais existé, sans altérer l’essence du monde spirite.  »

« Les Esprits revêtent temporairement une enveloppe matérielle périssable, dont la destruction, par la mort les rend à la liberté.  »

« Parmi les différentes espèces d’êtres corporels, Dieu a choisi l’espèce humaine pour l’incarnation des Esprits arrivés à un certain degré de développement, c’est ce qui lui donne la supériorité morale et intellectuelle sur les autres. »

« L’âme est un Esprit incarné dont le corps n’est que l’enveloppe. »

« Il y a dans l’homme trois choses : 1° le corps ou être matériel analogue aux animaux, et animé par le même principe vital ; 2° l’âme ou être immatériel, Esprit incarné dans le corps ; 3° le lien qui unit l’âme et le corps, principe intermédiaire entre la matière et l’Esprit. »

« L’homme a ainsi deux natures : par son corps, il participe de la nature des animaux dont il a les instincts ; par son âme il participe de la nature des Esprits. »

« Le lien ou périsprit qui unit le corps et l’Esprit est une sorte d’enveloppe semi-matérielle. La mort est la destruction de l’enveloppe la plus grossière ; l’Esprit conserve la seconde, qui constitue pour lui un corps éthéré, invisible pour nous dans l’état normal, mais qu’il peut rendre accidentellement visible et même tangible, comme cela a lieu dans le phénomène des apparitions. »

« L’Esprit n’est point ainsi un être abstrait indéfini, que la pensée seule peut concevoir ; c’est un être réel, circonscrit qui, dans certains cas, est appréciable par les sens de la vue, de l’ouïe et du toucher. »

« Les Esprits appartiennent à différentes classes et ne sont égaux ni en puissance, ni en intelligence, ni en savoir, ni en moralité. Ceux du premier ordre sont les Esprits supérieurs qui se distinguent des autres par leur perfection, leurs connaissances, leur rapprochement de Dieu, la pureté de leurs sentiments et leur amour du bien : ce sont les anges ou purs Esprits. Les autres classes s’éloignent de plus en plus de cette perfection ; ceux des rangs inférieurs sont enclins à la plupart de nos passions : la haine, l’envie, la jalousie, l’orgueil, etc. ; ils se plaisent au mal. Dans le nombre, il en est qui ne sont ni très bons ni très mauvais, plus brouillons et tracassiers que méchants, la malice et les inconséquences semblent être leur partage : ce sont les Esprits follets ou légers. »

« Les Esprits n’appartiennent pas perpétuellement au même ordre. Tous s’améliorent en passant par les différents degrés de la hiérarchie spirite. Cette amélioration a lieu par l’incarnation qui est imposée aux uns comme expiation, et aux autres comme mission. La vie matérielle est une épreuve qu’ils doivent subir à plusieurs reprises jusqu’à ce qu’ils aient atteint la perfection absolue ; c’est une sorte d’étamine ou d’épuratoire d’où ils sortent plus ou moins purifiés. »

« En quittant le corps, l’âme rentre dans le monde des Esprits d’où elle était sortie, pour reprendre une nouvelle existence matérielle après un laps de temps plus ou moins long pendant lequel elle est à l’état d’Esprit errant. »

« L’Esprit devant passer par plusieurs incarnations, il en résulte que nous tous avons eu plusieurs existences, et que nous en aurons encore d’autres plus ou moins perfectionnées, soit sur cette terre, soit dans d’autres mondes. »

« L’incarnation des Esprits a toujours lieu dans l’espèce humaine ; ce serait une erreur de croire que l’âme ou Esprit peut s’incarner dans le corps d’un animal[1]. »

« Les différentes existences corporelles de l’Esprit sont toujours progressives et jamais rétrogrades ; mais la rapidité du progrès dépend des efforts que nous faisons pour arriver à la perfection. »

« Les qualités de l’âme sont celles de l’Esprit qui est incarné en nous ; ainsi l’homme de bien est l’incarnation du bon Esprit, et l’homme pervers celle d’un Esprit impur. »

« L’âme avait son individualité avant son incarnation ; elle la conserve après sa séparation du corps. »

« A sa rentrée dans le monde des Esprits, l’âme y retrouve tous ceux qu’elle a connus sur terre, et toutes ses existences antérieures se retracent à sa mémoire avec le souvenir de tout le bien et de tout le mal qu’elle a fait. »

« L’Esprit incarné est sous l’influence de la matière ; l’homme qui surmonte cette influence par l’élévation et l’épuration de son âme se rapproche des bons Esprits avec lesquels il sera un jour. Celui qui se laisse dominer par les mauvaises passions et place toutes ses joies dans la satisfaction des appétits grossiers, se rapproche des Esprits impurs en donnant la prépondérance à la nature animale. »

« Les Esprits incarnés habitent les différents globes de l’univers. »

« Les Esprits non incarnés ou errants n’occupent point une région déterminée et circonscrite ; ils sont partout dans l’espace et à nos côtés, nous voyant et nous coudoyant sans cesse ; c’est toute une population invisible qui s’agite autour de nous. »

« Les Esprits exercent sur le monde moral, et même sur le monde physique, une action incessante ; ils agissent sur la matière et sur la pensée, et constituent une des puissances de la nature, cause efficiente d’une foule de phénomènes jusqu’alors inexpliqués ou mal expliqués, et qui ne trouvent une solution rationnelle que dans le spiritisme. »

« Les relations des Esprits avec les hommes sont constantes. Les bons Esprits nous sollicitent au bien, nous soutiennent dans les épreuves de la vie, et nous aident à les supporter avec courage et résignation ; les mauvais nous sollicitent au mal : c’est pour eux une jouissance de nous voir succomber et de nous assimiler à eux. »

« Les communications des Esprits avec les hommes sont occultes ou ostensibles. Les communications occultes ont lieu par l’influence bonne ou mauvaise qu’ils exercent sur nous à notre insu ; c’est à notre jugement de discerner les bonnes et les mauvaises inspirations. Les communications ostensibles ont lieu au moyen de l’écriture, de la parole ou autres manifestations matérielles, le plus souvent par l’intermédiaire des médiums qui leur servent d’instruments. »

« Les Esprits se manifestent spontanément ou sur évocation. On peut évoquer tous les Esprits : ceux qui ont animé des hommes obscurs, comme ceux des personnages les plus illustres, quelle que soit l’époque à laquelle ils ont vécu ; ceux de nos parents, de nos amis ou de nos ennemis, et en obtenir, par des communications écrites ou verbales, des conseils, des renseignements sur leur situation d’outre-tombe, sur leurs pensées à notre égard, ainsi que les révélations qu’il leur est permis de nous faire. »

« Les Esprits sont attirés en raison de leur sympathie pour la nature morale du milieu qui les évoque. Les Esprits supérieurs se plaisent dans les réunions sérieuses où dominent l’amour du bien et le désir sincère de s’instruire et de s’améliorer. Leur présence en écarte les Esprits inférieurs qui y trouvent au contraire un libre accès, et peuvent agir en toute liberté parmi les personnes frivoles ou guidées par la seule curiosité, et partout où se rencontrent de mauvais instincts. Loin d’en obtenir ni bons avis, ni renseignements utiles, on ne doit en attendre que des futilités, des mensonges, de mauvaises plaisanteries ou des mystifications, car ils empruntent souvent des noms vénérés pour mieux induire en erreur. »

« La distinction des bons et des mauvais Esprits est extrêmement facile ; le langage des Esprits supérieurs est constamment digne, noble, empreint de la plus haute moralité, dégagé de toute basse passion ; leurs conseils respirent la sagesse la plus pure, et ont toujours pour but notre amélioration et le bien de l’humanité. Celui des Esprits inférieurs, au contraire, est inconséquent, souvent trivial et même grossier ; s’ils disent parfois des choses bonnes et vraies, ils en disent plus souvent de fausses et d’absurdes par malice ou par ignorance ; ils se jouent de la crédulité et s’amusent aux dépens de ceux qui les interrogent en flattant leur vanité, en berçant leurs désirs de fausses espérances. En résumé, les communications sérieuses, dans toute l’acception du mot, n’ont lieu que dans les centres sérieux, dans ceux dont les membres sont unis par une communion intime de pensées en vue du bien. »

« La morale des Esprits supérieurs se résume comme celle du Christ en cette maxime évangélique : Agir envers les autres comme nous voudrions que les autres agissent envers nous-mêmes ; c’est-à-dire faire le bien et ne point faire le mal. L’homme trouve dans ce principe la règle universelle de conduite pour ses moindres actions. »

« Ils nous enseignent que l’égoïsme, l’orgueil, la sensualité sont des passions qui nous rapprochent de la nature animale en nous attachant à la matière ; que l’homme qui, dès ici-bas, se détache de la matière par le mépris des futilités mondaines et l’amour du prochain, se rapproche de la nature spirituelle ; que chacun de nous doit se rendre utile selon les facultés et les moyens que Dieu a mis entre ses mains pour l’éprouver ; que le Fort et le Puissant doivent appui et protection au Faible, car celui qui abuse de sa force et de sa puissance pour opprimer son semblable viole la loi de Dieu. Ils enseignent enfin, que dans le monde des Esprits, rien ne pouvant être caché, l’hypocrite sera démasqué et toutes ses turpitudes dévoilées ; que la présence inévitable et de tous les instants de ceux envers lesquels nous aurons mal agi est un des châtiments qui nous sont réservés ; qu’à l’état d’infériorité et de supériorité des Esprits sont attachées des peines et des jouissances qui nous sont inconnues sur la terre. »

« Mais ils nous enseignent aussi qu’il n’est pas de fautes irrémissibles et qui ne puissent être effacées par l’expiation. L’homme en trouve le moyen dans les différentes existences qui lui permettent d’avancer, selon son désir et ses efforts, dans la voie du progrès et vers la perfection qui est son but final. »

Tel est le résumé de la doctrine spirite, ainsi qu’elle résulte de l’enseignement donné par les Esprits supérieurs. Voyons maintenant les objections qu’on y oppose.


[1]   Il y a entre cette doctrine de la réincarnation et celle de la métempsycose, telle que l’admettent certaines sectes, une différence caractéristique qui est expliquée dans la suite de l’ouvrage.