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Dieu
Quelles sont les explications du spiritisme sur Dieu ?
A défaut de paramètre pour définir l’indéfinissable et ne pouvant pas atteindre l’inatteignable, l’être humain a imaginé Dieu à son image et à sa ressemblance. Dans la vision anthropomorphique qui domine notre conception religieuse de Dieu, le Créateur est un être humain amélioré, sujet à des sauts d’humeur. Il est décrit comme un homme grand, avec une grande barbe blanche, placé quelque part dans l’Univers, d’où il dirige, son côté droit étant réservé aux bons et son côté gauche étant réservé aux mauvais.
Comment une fourmi pourrait comprendre l’être humain ? Il lui manque quelque chose d’indispensable : la conscience d’elle-même et la raison. Comment pourrions-nous vouloir comprendre l’essence du Créateur incréé ?
Quand Allan Kardec, le codificateur de la doctrine spirite, a interrogé les esprits supérieurs à ce sujet, il n’a pas demandé qui est Dieu, car cela reviendrait à supposer qu’il soit quelqu’un. Il s’est limité à demander « qu’est-ce que Dieu ? », laissant le champ ouvert à la réponse, qui a été :
« Dieu est l’intelligence suprême, cause première de toutes choses[1]. » « Dieu est éternel, infini, immuable, immatériel, unique, tout-puissant, souverainement juste et bon[2]. »
Cette réponse nous suffit. Vouloir l’approfondir serait une perte de temps et un motif de perturbation. En comprenant Dieu en tant que cause première de tout ce qui existe et connaissant Ses attributs, nous saurons le respecter et aussi suivre Ses lois.
Pour nous, le Créateur se fait présent partout en même temps. Il traite tout le monde de manière aimante et juste, sans distinction, que nous soyons bons ou mauvais, noirs, jaunes ou blancs, sages ou ignorants, riches ou pauvres, croyants ou athées. Il donne aussi à tous les mêmes opportunités de développement de l’intelligence et de l’amour, à chacun de suivre Ses lois ou de souffrir les conséquences naturelles du réajustement.
Bien que la compréhension de son essence demeure lointaine, son amour incommensurable est très proche de nous. C’est pour cela que nous L’adorons en esprit et remercions pour toutes les bénédictions que chaque jour nous offre dans la marche incessante à la recherche du bonheur. Nous acceptons Sa justice et Son amour mais ne Le concevons pas en train de nous imposer des châtiments, car nous savons que même les douleurs et les obstacles de la vie sont des expériences nécessaires à notre mûrissement. En tant que source inépuisable d’amour, nous Lui supplions les forces nécessaires au dépassement de la souffrance car nous reconnaissons notre petitesse.
Nous avons appris avec Jésus que Dieu est NOTRE PERE, qui nous a créés pour l’amour et le bonheur, mais que cela est une conquête que nous devons atteindre par nos propres mérites, par l’exercice constant du Bien.
[1] Note du traducteur : question n°1 du Livre des Esprits, Allan Kardec.
[2] Note du traducteur : question n°13 du Livre des Esprits, Allan Kardec.
Texte issu du chapitre 3 du livre « Réponses Spirites » de Donizete Pinheiro, éditions EME, Brésil, pas encore paru en français. Traduction par Fabio S. da Silva.
Code pénal de la vie future
Extrait du chapitre VII de la partie I du livre Le Ciel et l’Enfer d’Allan Kardec
Le Spiritisme ne vient donc point, de son autorité privée, formuler un code de fantaisie ; sa loi, en ce qui touche l’avenir de l’âme, déduite d’observations prises sur le fait, peut se résumer dans les points suivants :
1° L’âme ou l’Esprit, subit, dans la vie spirituelle, les conséquences de toutes les imperfections dont elle ne s’est pas dépouillée pendant la vie corporelle. Son état, heureux ou malheureux, est inhérent au degré de son épuration ou de ses imperfections.
2° Le bonheur parfait est attaché à la perfection, c’est-à-dire à l’épuration complète de l’Esprit. Toute imperfection est à la fois une cause de souffrance et de privation de jouissance, de même que toute qualité acquise est une cause de jouissance et d’atténuation des souffrances.
3° Il n’est pas une seule imperfection de l’âme qui ne porte avec elle ses conséquences fâcheuses, inévitables, et pas une seule bonne qualité qui ne soit la source d’une jouissance. La somme des peines est ainsi proportionnée à la somme des imperfections, de même que celle des jouissances est en raison de la somme des qualités.
L’âme qui a dix imperfections, par exemple, souffre plus que celle qui n’en a que trois ou quatre ; lorsque de ces dix imperfections, il ne lui en restera que le quart ou la moitié, elle souffrira moins, et lorsqu’il ne lui en restera plus, elle ne souffrira plus du tout et sera parfaitement heureuse. Tel, sur la terre, celui qui a plusieurs maladies souffre plus que celui qui n’en a qu’une, ou qui n’en a point. Par la même raison, l’âme qui possède dix qualités a plus de jouissances que celle qui en a moins.
4° En vertu de la loi du progrès, toute âme ayant la possibilité d’acquérir le bien qui lui manque et de se défaire de ce qu’elle a de mauvais, selon ses efforts et sa volonté, il en résulte que l’avenir n’est fermé à aucune créature. Dieu ne répudie aucun de ses enfants ; il les reçoit dans son sein à mesure qu’ils atteignent la perfection, laissant ainsi à chacun le mérite de ses oeuvres.
5° La souffrance étant attachée à l’imperfection, comme la jouissance l’est à la perfection, l’âme porte en elle-même son propre châtiment partout où elle se trouve : il n’est pas besoin pour cela d’un lieu circonscrit. L’enfer est donc partout où il y a des âmes souffrantes, comme le ciel est partout où il y a des âmes heureuses.
6° Le bien et le mal que l’on fait sont le produit des bonnes et des mauvaises qualités que l’on possède. Ne pas faire le bien que l’on est à même de faire est donc le résultat d’une imperfection. Si toute imperfection est une source de souffrance, l’Esprit doit souffrir non seulement de tout le mal qu’il a fait, mais de tout le bien qu’il aurait pu faire et qu’il n’a pas fait pendant sa vie terrestre.
7° L’Esprit souffre par le mal même qu’il a fait, de manière que son attention étant incessamment portée sur les suites de ce mal, il en comprenne mieux les inconvénients et soit excité à s’en corriger.
8° La justice de Dieu étant infinie, il est tenu un compte rigoureux du bien et du mal ; s’il n’est pas une seule mauvaise action, pas une seule mauvaise pensée qui n’ait ses conséquences fatales, il n’est pas une seule bonne action, pas un seul bon mouvement de l’âme, pas le plus léger mérite, en un mot, qui soit perdu, même chez les plus pervers parce que c’est un commencement de progrès.
9° Toute faute commise, tout mal accompli, est une dette contractée qui doit être payée ; si elle ne l’est dans une existence, elle le sera dans la suivante ou dans les suivantes, parce que toutes les existences sont solidaires les unes des autres. Celui qui s’acquitte dans l’existence présente n’aura pas à payer une seconde fois.
10° L’Esprit subit la peine de ses imperfections, soit dans le monde spirituel, soit dans le monde corporel. Toutes les misères, toutes les vicissitudes que l’on endure dans la vie corporelle sont des suites de nos imperfections, des expiations de fautes commises, soit dans l’existence présente, soit dans les précédentes.
A la nature des souffrances et des vicissitudes que l’on endure dans la vie corporelle, on peut juger de la nature des fautes commises dans une précédente existence, et des imperfections qui en sont la cause.
11° L’expiation varie selon la nature et la gravité de la faute ; la même faute peut ainsi donner lieu à des expiations différentes, selon les circonstances atténuantes ou aggravantes dans lesquelles elle a été commise.
12° Il n’y a, sous le rapport de la nature et de la durée du châtiment, aucune règle absolue et uniforme ; la seule loi générale est que toute faute reçoit sa punition et toute bonne action sa récompense, selon sa valeur.
13° La durée du châtiment est subordonnée à l’amélioration de l’Esprit coupable. Aucune condamnation pour un temps déterminé n’est prononcée contre lui. Ce que Dieu exige pour mettre un terme aux souffrances, c’est une amélioration sérieuse, effective, et un retour sincère au bien.
L’Esprit est ainsi toujours l’arbitre de son propre sort ; il peut prolonger ses souffrances par son endurcissement dans le mal, les adoucir ou les abréger par ses efforts pour faire le bien.
Une condamnation pour un temps déterminé quelconque aurait le double inconvénient, ou de continuer à frapper l’Esprit qui se serait amélioré, ou de cesser alors que celui-ci serait encore dans le mal. Dieu, qui est juste, punit le mal tant qu’il existe ; il cesse de punir quand le mal n’existe plus[1] ; ou, si l’on veut, le mal moral étant, par lui-même, une cause de souffrance, la souffrance dure aussi longtemps que le mal subsiste ; son intensité diminue à mesure que le mal s’affaiblit.
14° La durée du châtiment étant subordonnée à l’amélioration, il en résulte que l’Esprit coupable qui ne s’améliorerait jamais souffrirait toujours, et que, pour lui, la peine serait éternelle.
15° Une condition inhérente à l’infériorité des Esprits est de ne point voir le terme de leur situation et de croire qu’ils souffriront toujours. C’est pour eux un châtiment qui leur paraît devoir être éternel[2].
16° Le repentir est le premier pas vers l’amélioration ; mais seul il ne suffit pas, il faut encore l’expiation et la réparation.
Repentir, expiation et réparation sont les trois conditions nécessaires pour effacer les traces d’une faute et ses conséquences.
Le repentir adoucit les douleurs de l’expiation, en ce qu’il donne l’espérance et prépare les voies de la réhabilitation ; mais la réparation seule peut annuler l’effet en détruisant la cause ; le pardon serait une grâce et non pas une annulation.
17° Le repentir peut avoir lieu partout et en tout temps ; s’il est tardif, le coupable souffre plus longtemps.
L’expiation consiste dans les souffrances physiques et morales, qui sont la conséquence de la faute commise, soit dès la vie présente, soit, après la mort, dans la vie spirituelle, soit dans une nouvelle existence corporelle, jusqu’à ce que les traces de la faute soient effacées.
La réparation consiste à faire du bien à celui à qui on a fait du mal. Celui qui ne répare pas ses torts en cette vie, par impuissance ou mauvais vouloir, se retrouvera, dans une existence ultérieure, en contact avec les mêmes personnes qui ont eu à se plaindre de lui, et dans des conditions choisies par lui-même, de manière à pouvoir leur prouver son dévouement, et leur faire autant de bien qu’il leur a fait de mal.
Toutes les fautes ne portent pas un préjudice direct et effectif ; dans ce cas, la réparation s’accomplit : en faisant ce que l’on devait faire et que l’on n’a pas fait, en remplissant les devoirs que l’on a négligés ou méconnus, les missions où l’on a failli ; en pratiquant le bien contraire à ce que l’on a fait de mal : c’est-à-dire en étant humble si l’on a été orgueilleux, doux si l’on a été dur, charitable si l’on a été égoïste, bienveillant si l’on a été malveillant, laborieux si l’on a été paresseux, utile si l’on a été inutile, tempérant si l’on a été dissolu, de bon exemple si l’on en a donné de mauvais, etc. C’est ainsi que l’Esprit progresse en mettant à profit son passé[3].
18° Les Esprits imparfaits sont exclus des mondes heureux, dont ils troubleraient l’harmonie ; ils restent dans les mondes inférieurs, où ils expient leurs fautes par les tribulations de la vie, et se purifient de leurs imperfections, jusqu’à ce qu’ils méritent de s’incarner dans les mondes plus avancés moralement et physiquement.
Si l’on peut concevoir un lieu de châtiment circonscrit, c’est dans les mondes d’expiation, car c’est autour de ces mondes que pullulent les Esprits imparfaits désincarnés, en attendant une nouvelle existence qui, en leur permettant de réparer le mal qu’ils ont fait, aidera à leur avancement.
19° L’Esprit ayant toujours son libre arbitre, son amélioration est quelquefois lente, et son obstination dans le mal très tenace.* Il peut y persister des années et des siècles ; mais il arrive toujours un moment où son entêtement à braver la justice de Dieu fléchit devant la souffrance, et où, malgré sa forfanterie, il reconnaît la puissance supérieure qui le domine. Dès que se manifestent en lui les premières lueurs du repentir, Dieu lui fait entrevoir l’espérance.
Aucun Esprit n’est dans la condition de ne s’améliorer jamais ; autrement, il serait voué fatalement à une éternelle infériorité, et il échapperait à la loi du progrès qui régit providentiellement toutes les créatures.
20° Quelles que soient l’infériorité et la perversité des Esprits, Dieu ne les abandonne jamais. Tous ont leur ange gardien qui veille sur eux, épie les mouvements de leur âme et s’efforce de susciter en eux de bonnes pensées, le désir de progresser et de réparer, dans une nouvelle existence, le mal qu’ils ont fait. Cependant le guide protecteur agit le plus souvent d’une manière occulte, sans exercer aucune pression. L’Esprit doit s’améliorer par le fait de sa propre volonté, et non par suite d’une contrainte quelconque. Il agit bien ou mal en vertu de son libre arbitre, mais sans être fatalement poussé dans un sens ou dans l’autre. S’il fait mal, il en subit les conséquences aussi longtemps qu’il reste dans la mauvaise voie ; dès qu’il fait un pas vers le bien, il en ressent immédiatement les effets.
Remarque. – Ce serait une erreur de croire qu’en vertu de la loi du progrès, la certitude d’arriver tôt ou tard à la perfection et au bonheur peut être un encouragement à persévérer dans le mal, sauf à se repentir plus tard : d’abord, parce que l’Esprit inférieur ne voit pas le terme de sa situation ; en second lieu, parce que l’Esprit, étant l’artisan de son propre malheur, finit par comprendre qu’il dépend de lui de le faire cesser, et que plus longtemps il persistera dans le mal, plus longtemps il sera malheureux ; que sa souffrance durera toujours s’il n’y met lui-même un terme. Ce serait donc de sa part un faux calcul, dont il serait la première dupe. Si, au contraire, selon le dogme des peines irrémissibles, toute espérance lui est à jamais fermée, il n’a aucun intérêt à revenir au bien, qui est pour lui sans profit.
Devant cette loi tombe également l’objection tirée de la prescience divine. Dieu, en créant une âme, sait en effet si, en vertu de son libre arbitre, elle prendra la bonne ou la mauvaise voie ; il sait qu’elle sera punie si elle fait mal ; mais il sait aussi que ce châtiment temporaire est un moyen de lui faire comprendre son erreur et de la faire entrer dans le bon chemin, où elle arrivera tôt ou tard. Selon la doctrine des peines éternelles, il sait qu’elle faillira, et elle est d’avance condamnée à des tortures sans fin.
21° Chacun n’est responsable que de ses fautes personnelles ; nul ne porte la peine de celles d’autrui, à moins qu’il n’y ait donné lieu, soit en les provoquant par son exemple, soit en ne les empêchant pas lorsqu’il en avait le pouvoir.
C’est ainsi, par exemple, que le suicide est toujours puni ; mais celui qui, par sa dureté, pousse un individu au désespoir et de là à se détruire, subit une peine encore plus grande.
22° Quoique la diversité des punitions soit infinie, il en est qui sont inhérentes à l’infériorité des Esprits, et dont les conséquences, sauf les nuances, sont à peu près identiques.
La punition la plus immédiate, chez ceux surtout qui se sont attachés à la vie matérielle en négligeant le progrès spirituel, consiste dans la lenteur de la séparation de l’âme et du corps, dans les angoisses qui accompagnent la mort et le réveil dans l’autre vie, dans la durée du trouble qui peut exister des mois et des années. Chez ceux, au contraire, dont la conscience est pure, qui, dès leur vivant, se sont identifiés avec la vie spirituelle et détachés des choses matérielles, la séparation est rapide, sans secousses, le réveil paisible et le trouble presque nul.
23° Un phénomène, très fréquent chez les Esprits d’une certaine infériorité morale, consiste à se croire encore vivants, et cette illusion peut se prolonger pendant des années, pendant lesquelles ils éprouvent tous les besoins, tous les tourments et toutes les perplexités de la vie.
24° Pour le criminel, la vue incessante de ses victimes et des circonstances du crime est un cruel supplice.
25° Certains Esprits sont plongés dans d’épaisses ténèbres ; d’autres sont dans un isolement absolu au milieu de l’espace, tourmentés par l’ignorance de leur position et de leur sort. Les plus coupables souffrent des tortures d’autant plus poignantes, qu’ils n’en voient pas le terme. Beaucoup sont privés de la vue des êtres qui leur sont chers. Tous, généralement, endurent avec une intensité relative les maux, les douleurs et les besoins qu’ils ont fait endurer aux autres, jusqu’à ce que le repentir et le désir de la réparation viennent y apporter un adoucissement, en faisant entrevoir la possibilité de mettre, par lui-même, un terme à cette situation.
26° C’est un supplice pour l’orgueilleux de voir au-dessus de lui, dans la gloire, entourés et fêtés, ceux qu’il avait méprisés sur la terre, tandis que lui est relégué aux derniers rangs ; pour l’hypocrite, de se voir transpercé par la lumière qui met à nu ses plus secrètes pensées que tout le monde peut lire : nul moyen pour lui de se cacher et de dissimuler ; pour le sensuel, d’avoir toutes les tentations, tous les désirs, sans pouvoir les satisfaire ; pour l’avare, de voir son or dilapidé et de ne pouvoir le retenir ; pour l’égoïste, d’être délaissé par tout le monde et de souffrir tout ce que d’autres ont souffert par lui : il aura soif, et personne ne lui donnera à boire, il aura faim, et personne ne lui donnera à manger ; nulle main amie ne vient presser la sienne, nulle voix compatissante ne vient le consoler ; il n’a songé qu’à lui pendant sa vie, personne ne pense à lui et ne le plaint après sa mort.
27° Le moyen d’éviter ou d’atténuer les conséquences de ses défauts dans la vie future, c’est de s’en défaire le plus possible dans la vie présente ; c’est de réparer le mal, pour n’avoir pas à le réparer plus tard d’une manière plus terrible. Plus on tarde à se défaire de ses défauts, plus les suites en sont pénibles et plus la réparation que l’on doit accomplir est rigoureuse.
28° La situation de l’Esprit, dès son entrée dans la vie spirituelle, est celle qu’il s’y est préparée par la vie corporelle. Plus tard, une autre incarnation lui est donnée pour l’expiation et la réparation par de nouvelles épreuves ; mais il en profite plus ou moins, en vertu de son libre arbitre ; s’il n’en profite pas, c’est une tâche à recommencer chaque fois dans des conditions plus pénibles : de sorte que celui qui souffre beaucoup sur la terre peut se dire qu’il avait beaucoup à expier ; ceux qui jouissent d’un bonheur apparent, malgré leurs vices et leur inutilité, sont certains de le payer chèrement dans une existence ultérieure. C’est en ce sens que Jésus a dit : «Bienheureux les affligés, car ils seront consolés.» (Evangile selon le Spiritisme, chapitre V.)
29° La miséricorde de Dieu est infinie, sans doute, mais elle n’est pas aveugle. Le coupable auquel il pardonne n’est pas exonéré, et tant qu’il n’a point satisfait à la justice, il subit les conséquences de ses fautes. Par miséricorde infinie, il faut entendre que Dieu n’est pas inexorable, et qu’il laisse toujours ouverte la porte du retour au bien.
30° Les peines étant temporaires et subordonnées au repentir et à la réparation, qui dépendent de la libre volonté de l’homme, sont à la fois des châtiments et des remèdes qui doivent aider à guérir les blessures du mal. Les Esprits en punition sont donc, non comme des galériens condamnés à temps, mais comme des malades à l’hôpital, qui souffrent de la maladie qui souvent est de leur faute, et des moyens curatifs douloureux qu’elle nécessite, mais qui ont l’espoir de guérir, et qui guérissent d’autant plus vite, qu’ils suivent plus exactement les prescriptions du médecin qui veille sur eux avec sollicitude. S’ils prolongent leurs souffrances par leur faute, le médecin n’y est pour rien.
31° Aux peines que l’Esprit endure dans la vie spirituelle viennent se joindre celles de la vie corporelle, qui sont la conséquence des imperfections de l’homme, de ses passions, du mauvais emploi de ses facultés, et l’expiation de ses fautes présentes et passées. C’est dans la vie corporelle que l’Esprit répare le mal de ses existences antérieures, qu’il met en pratique les résolutions prises dans la vie spirituelle. Ainsi s’expliquent ces misères et ces vicissitudes qui, au premier abord, semblent n’avoir pas de raison d’être, et sont de toute justice dès lors qu’elles sont l’acquit du passé et qu’elles servent à notre avancement[4].
32° Dieu, dit-on, ne prouverait-il pas un plus grand amour pour ses créatures, s’il les eût créées infaillibles et par conséquent exemptes des vicissitudes attachées à l’imperfection ?
Il eût fallu, pour cela, qu’il créât des êtres parfaits, n’ayant rien à acquérir, ni en connaissances ni en moralité. Sans aucun doute, il le pouvait ; s’il ne l’a pas fait, c’est que, dans sa sagesse, il a voulu que le progrès fût la loi générale.
Les hommes sont imparfaits, et, comme tels, sujets à des vicissitudes plus ou moins pénibles ; c’est un fait qu’il faut accepter, puisqu’il existe. En inférer que Dieu n’est ni bon ni juste serait une révolte contre lui.
Il y aurait injustice s’il eût créé des êtres privilégiés, plus favorisés les uns que les autres, jouissant sans travail du bonheur que d’autres n’atteignent qu’avec peine, ou ne pouvant jamais y atteindre. Mais où sa justice éclate, c’est dans l’égalité absolue qui préside à la création de tous les Esprits ; tous ont un même point de départ ; aucun qui soit, à sa formation, mieux doué que les autres ; aucun dont la marche ascensionnelle soit facilitée par exception : ceux qui sont arrivés au but ont passé, comme les autres, par la filière des épreuves et de l’infériorité.
Ceci admis, quoi de plus juste que la liberté d’action laissée à chacun ? La route du bonheur est ouverte à tous ; le but est le même pour tous ; les conditions pour l’atteindre sont les mêmes pour tous ; la loi gravée dans toutes les consciences est enseignée à tous. Dieu a fait du bonheur le prix du travail, et non de la faveur, afin que chacun en eût le mérite ; chacun est libre de travailler ou de ne rien faire pour son avancement ; celui qui travaille beaucoup et vite en est plus tôt récompensé ; celui qui s’égare en route ou perd son temps retarde son arrivée, et ne peut s’en prendre qu’à lui-même. Le bien et le mal sont volontaires et facultatifs ; l’homme, étant libre, n’est fatalement poussé ni vers l’un, ni vers l’autre.
33° Malgré la diversité des genres et des degrés de souffrance des Esprits imparfaits, le code pénal de la vie future peut se résumer dans ces trois principes :
La souffrance est attachée à l’imperfection.
Toute imperfection, et toute faute qui en est la suite, porte avec elle son propre châtiment, par ses conséquences naturelles et inévitables, comme la maladie est la suite des excès, l’ennui celle de l’oisiveté, sans qu’il soit besoin d’une condamnation spéciale pour chaque faute et chaque individu.
Tout homme, pouvant se défaire de ses imperfections par l’effet de sa volonté, peut s’épargner les maux qui en sont la suite, et assurer son bonheur futur.
Telle est la loi de la justice divine ; à chacun selon ses oeuvres, dans le ciel comme sur la terre.
[1] Voir ci-dessus, chapitre VI, n° 25, citation d’Ezéchiel.
[2] Perpétuel est synonyme d’éternel. On dit : la limite des neiges perpétuelles ; les glaces éternelles des pôles ; on dit aussi le secrétaire perpétuel de l’Académie, ce qui ne veut pas dire qu’il le sera à perpétuité, mais seulement pour un temps illimité. Eternel et perpétuel s’emploient donc dans le sens d’indéterminé. Dans cette acception, on peut dire que les peines sont éternelles, si l’on entend qu’elles n’ont pas une durée limitée ; elles sont éternelles pour l’Esprit qui n’en voit pas le terme.
[3] La nécessité de la réparation est un principe de rigoureuse justice que l’on peut considérer comme la véritable loi de réhabilitation morale des Esprits. C’est une doctrine qu’aucune religion n’a encore proclamée.
Cependant quelques personnes la repoussent, parce qu’elles trouveraient plus commode de pouvoir effacer leurs méfaits par un simple repentir qui ne coûte que des paroles, et à l’aide de quelques formules ; libre à elles de se croire quittes : elles verront plus tard si cela leur suffit. On pourrait leur demander si ce principe n’est pas consacré par la loi humaine, et si la justice de Dieu peut être inférieure à celle des hommes ? Si elles se tiendraient pour satisfaites d’un individu qui, les ayant ruinées par abus de confiance, se bornerait à leur dire qu’il le regrette infiniment. Pourquoi reculeraient-elles devant une obligation que tout honnête homme se fait un devoir de remplir, dans la mesure de ses forces ?
Lorsque cette perspective de la réparation sera inculquée dans la croyance des masses, elle sera un frein bien autrement puissant que celle de l’enfer et des peines éternelles, parce qu’elle touche à l’actualité de la vie, et que l’homme comprendra la raison d’être des circonstances pénibles où il se trouve placé.
[4] Voir ci-dessus, chapitre VI, le Purgatoire, n° 3 et suivants ; et ci-après, chapitre XX : Exemples d’expiations terrestres. – Evangile selon le Spiritisme, chapitre V : Bienheureux les affligés.
Saint Paul précurseur du Spiritisme
Article paru dans la Revue Spirite de décembre 1863.
La communication suivante a été obtenue dans la séance de la Société de Paris du 9 octobre 1863 :
« Que de jours se sont écoulés depuis que je n’ai eu le bonheur de m’entretenir avec vous, mes bien chers enfants ! aussi, est-ce avec une bien douce satisfaction que je me retrouve au milieu de ma chère Société de Paris.
De quoi vous entretiendrai-je aujourd’hui ? La plupart des questions morales ont été traitées par des plumes habiles ; néanmoins, elles sont tellement de mon domaine et leur champ est si vaste, que je trouverai bien encore quelques grains de vérité à glaner. Au surplus, quand bien même je ne ferais que redire ce que d’autres vous ont déjà dit, il en ressortira peut-être quelques nouveaux enseignements, car les bonnes paroles, comme les bonnes semences, portent toujours leurs fruits.
Les livres saints sont pour nous des greniers inépuisables, et le grand apôtre Paul, qui jadis a tant contribué à l’établissement du Christianisme par sa puissante prédication, vous a laissé des monuments écrits qui serviront non moins énergiquement à l’épanouissement du Spiritisme. Je n’ignore pas que vos adversaires religieux invoquent son témoignage contre vous ; mais cela n’empêche pas que l’illustre illuminé de Damas ne soit pour vous et avec vous, soyez-en bien convaincus. Le souffle qui court dans ses épîtres, l’inspiration sainte qui anime ses enseignements, loin d’être hostile à votre doctrine, est au contraire remplie de singulières prévisions en vue de ce qui arrive aujourd’hui. C’est ainsi que, dans sa première aux Corinthiens, il enseigne que, sans la Charité, il n’existe aucun homme, fût-il saint, fût-il prophète, transportât-il des montagnes, qui puisse se flatter d’être un véritable disciple de Notre-Seigneur Jésus-Christ. Comme les Spirites, et avant les Spirites, ce fut lui qui proclama le premier cette maxime qui fait votre gloire : Hors la charité point de salut ! Mais ce n’est pas par cet unique côté qu’il se rattache à la doctrine que nous vous enseignons et que vous propagez aujourd’hui. Avec cette haute intelligence qui lui était propre, il avait prévu ce que Dieu réservait à l’avenir, et notamment, cette transformation, cette régénération de la foi chrétienne, que vous êtes appelés à asseoir profondément dans l’esprit moderne, puisqu’il décrit dans l’épître déjà citée, et d’une manière indiscutable, les principales facultés médianimiques qu’il appelle les dons bénis du Saint-Esprit.
Ah ! mes enfants, ce saint docteur contemple, avec une amertume qu’il ne peut dissimuler, le degré d’avilissement où sont tombés la plupart de ceux qui parlent en son nom, et qui proclament, urbi et orbi, que Dieu a jadis donné à la terre toute la somme de vérités que celle-ci était capable de recevoir. Et pourtant, l’apôtre s’était écrié qu’en son temps il n’avait qu’une science et que des prophéties imparfaites. Or, celui qui se plaignait de cette situation savait par cela même que cette science et ces prophéties se perfectionneraient un jour. N’est-ce pas là la condamnation absolue de tous ceux qui condamnent le progrès ? N’est-ce pas là le plus rude échec pour ceux qui prétendent que le Christ et les apôtres, les Pères de l’Eglise et surtout les révérends casuistes de la Compagnie de Jésus, ont donné à la terre toute la science religieuse et philosophique à laquelle celle-ci avait droit ? Heureusement l’apôtre lui-même a pris soin de les démentir d’avance.
Mes chers enfants, pour apprécier à leur valeur les hommes qui vous combattent, vous n’avez qu’à étudier les arguments de leur polémique, leurs paroles acerbes et les regrets qu’ils témoignent, comme le R. P. Pailloux, que les bûchers soient éteints, et que la Sainte Inquisition ne fonctionne plus ad majorem Dei gloriam. Mes frères, vous avez la charité, ils ont l’intolérance : ils sont donc bien à plaindre ; c’est pourquoi je vous convie à prier pour ces pauvres égarés, afin que l’Esprit-Saint, qu’ils invoquent si souvent, daigne enfin éclairer leur conscience et leur cœur. »
François-Nicolas Madeleine.
A cette remarquable communication, nous ajouterons les paroles suivantes de saint Paul, tirées de la première épître aux Corinthiens :
Mais quelqu’un me dira : En quelle manière les morts ressusciteront-ils, et quel sera le corps dans lequel ils reviendront ? – Insensés que vous êtes ! ne voyez-vous pas que ce que vous semez ne reprend point de vie, s’il ne meurt auparavant ? Et quand vous semez, vous ne semez pas le corps de la plante qui doit naître, mais la graine seulement, comme du blé ou de quelque autre chose. Après quoi Dieu lui donne un corps tel qu’il lui plaît, et il donne à chaque semence le corps qui est propre à chaque plante. Toute chair n’est pas la même chair ; mais autre est la chair des hommes, autre la chair des bêtes, autre celle des oiseaux, autre celle des poissons.
Il y a aussi des corps célestes et des corps terrestres ; mais les corps célestes ont un autre éclat que les corps terrestres. Le soleil a son éclat, qui diffère de l’éclat de la lune, comme l’éclat de la lune diffère de l’éclat des étoiles, et, entre les étoiles, l’une est plus éclatante que l’autre.
Il en arrivera de même dans la résurrection des morts. Le corps, comme une semence, est maintenant mis en terre plein de corruption, et il ressuscitera incorruptible. Il est mis en terre tout difforme, et il ressuscitera tout glorieux. Il est mis en terre privé de mouvement, et il ressuscitera plein de vigueur. Il est mis en terre comme un corps animal et il ressuscitera comme un corps spirituel. Comme il y a un corps animal, il y a un corps spirituel.
Je veux dire, mes frères, que la chair et le sang ne peuvent posséder le royaume de Dieu, et que la corruption ne possédera point cet héritage incorruptible. » (Saint Paul, 1er ép. aux Corinth., ch. xv, v. de 35 à 44 et 50.)
Que peut être ce corps spirituel, qui n’est pas le corps animal, sinon le corps fluidique dont le Spiritisme démontre l’existence, le périsprit dont l’âme est revêtue après la mort ? A la mort du corps, l’Esprit entre dans le trouble ; il perd pour un instant la conscience de lui-même ; puis il recouvre l’usage de ses facultés, il renaît à la vie intelligente, en un mot il ressuscite avec son corps spirituel.
Le dernier paragraphe, relatif au jugement dernier, contredit positivement la doctrine de la résurrection de la chair, puisqu’il dit : « La chair et le sang ne peuvent posséder le royaume de Dieu. » Les morts ne ressusciteront donc pas avec leur chair et leur sang, et n’auront pas besoin de rassembler leurs os dispersés, mais ils auront leur corps céleste, qui n’est pas le corps animal. Si l’auteur du Catéchisme philosophique avait bien médité le sens de ces paroles, il aurait pu se dispenser de faire le savant calcul mathématique auquel il s’est livré, pour prouver que tous les hommes morts depuis Adam, ressuscitant en chair et en os, avec leur propre corps, pourraient parfaitement tenir dans la vallée de Josaphat, sans être trop gênés[1].
Saint Paul a donc posé en principe et en théorie ce qu’enseigne aujourd’hui le Spiritisme sur l’état de l’homme après la mort.
Mais saint Paul n’est pas le seul qui ait pressenti les vérités enseignées par le Spiritisme ; la Bible, les Évangiles, les apôtres et les Pères de l’Église en sont remplis, de sorte que condamner le Spiritisme, c’est désavouer les autorités mêmes sur lesquelles s’appuie la religion. Attribuer tous ses enseignements au démon, c’est lancer le même anathème sur la plupart des auteurs sacrés. Le Spiritisme ne vient donc point détruire, mais au contraire rétablir toutes choses, c’est-à-dire restituer à chaque chose son véritable sens.
[1] Catéchisme philosophique, par l’abbé de Feller, t. III, p. 83.
Rendez à César ce qui est à César
Extrait de L’Evangile selon le Spiritisme chapitre XI – Aimer son prochain comme soi-même
5. Alors les Pharisiens s’étant retirés firent dessein entre eux de le surprendre dans ses paroles. – Ils lui envoyèrent donc leurs disciples avec les Hérodiens, lui dire : Maître, nous savons que vous êtes véritable, et que vous enseignez la voie du Dieu dans la vérité, sans avoir égard à qui que ce soit, parce que vous ne considérez point la personne dans les hommes ; – dites-nous donc votre avis sur ceci : Nous est-il libre de payer le tribut à César, ou de ne pas le payer ?
Mais Jésus, connaissant leur malice, leur dit : Hypocrites, pourquoi me tentez-vous ? Montrez-moi la pièce d’argent qu’on donne pour le tribut. Et eux lui ayant présenté un denier, Jésus leur dit : De qui est cette image et cette inscription ? – De César, lui dirent-ils. Alors Jésus leur répondit : Rendez donc à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu.
L’ayant entendu parler de la sorte, ils admirèrent sa réponse, et le laissant, ils se retirèrent. (Saint Matth., ch. XXII, v. de 15 à 22 ; Saint Marc, ch. XII, v. de 13 à 17.)
6. La question posée à Jésus était motivée par cette circonstance que les Juifs ayant en horreur le tribut qui leur était imposé par les Romains, en avaient fait une question religieuse ; un parti nombreux s’était formé pour refuser l’impôt ; le payement du tribut était donc pour eux une question irritante d’actualité, sans cela la demande faite à Jésus : «Nous est-il libre de payer ou de ne pas payer le tribut à César ?» n’aurait eu aucun sens. Cette question était un piège ; car, suivant sa réponse, ils espéraient exciter contre lui soit l’autorité romaine, soit les Juifs dissidents. Mais «Jésus, connaissant leur malice,» élude la difficulté en leur donnant une leçon de justice, et en disant de rendre à chacun ce qui lui est dû. (Voir l’introduction, article : Publicains.)
7. Cette maxime : «Rendez à César ce qui est à César,» ne doit point s’entendre d’une manière restrictive et absolue. Comme tous les enseignements de Jésus, c’est un principe général résumé sous une forme pratique et usuelle, et déduit d’une circonstance particulière. Ce principe est une conséquence de celui qui dit d’agir envers les autres comme nous voudrions que les autres agissent envers nous ; il condamne tout préjudice matériel et moral porté à autrui, toute violation de ses intérêts ; il prescrit le respect des droits de chacun, comme chacun désire qu’on respecte les siens ; il s’étend à l’accomplissement des devoirs contractés envers la famille, la société, l’autorité, aussi bien qu’envers les individus.
Le spiritisme : religion, philosophie, et science
Extrait de Le problème de l’être et de la destinée, de Léon Denis – chapitre 1 L’évolution de la pensée
Les religions ont contribué puissamment à l’éducation humaine ; elles ont opposé un frein aux passions violentes, à la barbarie des âges de fer, et gravé fortement la notion morale au fond des consciences. L’esthétique religieuse a enfanté des chefs d’œuvre dans tous les domaines ; elle a participé dans une large mesure à la révélation d’art et de beauté qui se poursuit à travers les siècles. L’art grec avait créé des merveilles. L’art chrétien a atteint le sublime dans ces cathédrales gothiques qui se dressent, bibles de pierre, sous le ciel, avec leurs fières tours sculptées, leurs nefs imposantes, qu’emplissent les vibrations des orgues et des chants sacrés, leurs hautes ogives, d’où la lumière descend à flots et ruisselle sur les fresques et les statues ; mais son rôle s’achève, car, déjà, il se copie, ou se repose, comme épuisé.
L’erreur religieuse, et surtout l’erreur catholique, n’est pas de l’ordre esthétique, lequel ne trompe pas : elle est de l’ordre logique. Elle consiste à enfermer la religion en des dogmes étroits, en des formes rigides. Alors que le mouvement est la loi même de la vie, le catholicisme a immobilisé la pensée, au lieu de provoquer son essor.
Il est dans la nature de l’homme d’épuiser toutes les formes d’une idée, de se porter aux extrêmes, avant de reprendre le cours normal de son évolution. Chaque vérité religieuse, affirmée par un novateur, s’affaiblit et s’altère par la suite, les disciples étant presque toujours incapables de se maintenir à la hauteur où le maître les a attirés. La doctrine devient, dès lors, une source d’abus et provoque, peu à peu, un mouvement contraire dans le sens du scepticisme et de la négation. A la foi aveugle succède l’incrédulité ; le matérialisme fait son œuvre ; et c’est seulement lorsqu’il a montré toute son impuissance dans l’ordre social qu’une rénovation idéaliste devient possible.
Dès les premiers temps du christianisme, des courants divers : judaïque, hellénique, gnostique, se mêlent et se heurtent dans le lit de la religion naissante. Des schismes éclatent ; les déchirements, les conflits se succèdent, au milieu desquels la pensée du Christ se voile peu à peu et s’obscurcit. Nous avons montré[1] de quelles altérations, de quels remaniements successifs la doctrine chrétienne a été l’objet à la suite des âges. Le véritable christianisme était une loi d’amour et de liberté ; les églises en ont fait une loi de crainte et d’asservissement. De là l’éloignement graduel des penseurs pour l’Église ; de là l’affaiblissement de l’esprit religieux dans notre pays.
A la faveur du trouble qui envahit les esprits et les consciences, le matérialisme a gagné du terrain. Sa morale, prétendue scientifique, qui proclame la nécessité de la lutte pour la vie, la disparition des faibles et la sélection des forts, règne aujourd’hui presque en souveraine dans la vie publique comme dans la vie privée. Toutes les activités se portent vers la conquête du bien-être et des jouissances physiques. Faute d’entraînement moral et de discipline, les ressorts de l’âme française se détendent ; le malaise et la discorde se glissent partout, dans la famille, dans la nation. C’est là, disions-nous, une période de crise. Rien ne meurt, malgré les apparences ; tout se transforme et se renouvelle. Le doute qui assiège les âmes à notre époque prépare la voie aux convictions de demain, à la foi intelligente et éclairée qui régnera sur l’avenir et s’étendra à tous les peuples, à toutes les races.
Quoique jeune encore et divisée par les nécessités de territoire, de distance, de climat, l’humanité a commencé à prendre conscience d’elle-même. Au-dessus, au-delà des antagonismes politiques et religieux, des groupements d’intelligences se constituent. Des hommes hantés des mêmes problèmes, aiguillonnés par les mêmes soucis, inspirés de l’Invisible, travaillent à une oeuvre commune et poursuivent les mêmes solutions. Peu à peu, les éléments d’une science psychologique et d’une croyance universelle apparaissent, se fortifient, s’étendent. Nombre de témoins impartiaux y voient le prélude d’un mouvement de la pensée qui tend à embrasser toutes les sociétés de la terre[2].
L’idée religieuse achève de parcourir son cycle inférieur, et les plans d’une spiritualité plus haute se dessinent. On peut dire que la religion est l’effort de l’humanité pour communier avec l’essence éternelle et divine. Voilà pourquoi il y aura toujours des religions et des cultes, de plus en plus larges et conformes aux lois supérieures de l’esthétique, qui sont l’expression de l’harmonie universelle. Le beau, dans ses règles les plus élevées, est une loi divine, et ses manifestations, en se rattachant à l’idée de Dieu, revêtiront forcément un caractère religieux.
A mesure que la pensée mûrit, des missionnaires de tous ordres viennent provoquer la rénovation religieuse au sein des humanités. Nous assistons au prélude d’une de ces rénovations, plus grande et plus profonde que les précédentes. Elle n’a plus seulement des hommes pour mandataires et pour interprètes, ce qui rendrait cette nouvelle dispensation aussi précaire que les autres. Ce sont les Esprits inspirateurs, les génies de l’espace, qui exercent à la fois leur action sur toute la surface du globe et dans tous les domaines de la pensée. Sur tous les points, un nouveau spiritualisme apparaît. Et aussitôt, la question se pose : Qu’es-tu ? lui demande-t-on : science ou religion ? Esprits étroits, croyez-vous donc que la pensée doive suivre éternellement les ornières que le passé a creusé !
Jusqu’ici, tous les domaines intellectuels ont été séparés les uns des autres, enclos de barrières, de murailles : la science d’un côté, la religion de l’autre ; la philosophie et la métaphysique sont hérissées de broussailles impénétrables. Alors que tout est simple, vaste et profond dans le domaine de l’âme comme dans celui de l’univers, l’esprit de système a tout compliqué, rétréci, divisé. La religion a été murée dans la sombre geôle des dogmes et des mystères ; la science, emprisonnée dans les plus bas étages de la matière. Là, n’est pas la vraie religion, ni la vraie science. Il suffira de s’élever au-dessus de ces classifications arbitraires pour comprendre que tout se concilie et se réconcilie dans une vision plus haute.
Est-ce que, dès aujourd’hui, notre science, quoique élémentaire, dès qu’elle se livre à l’étude de l’espace et des mondes, ne provoque pas aussitôt un sentiment d’enthousiasme, d’admiration presque religieuse ? Lisez les ouvrages des grands astronomes, des mathématiciens de génie. Ils vous diront que l’univers est un prodige de sagesse, d’harmonie, de beauté, et que, déjà, dans la pénétration des lois supérieures, se réalise l’union de la science, de l’art et de la religion par la vision de Dieu dans son oeuvre. Parvenue à ces hauteurs, l’étude devient une contemplation et la pensée se change en prière !
Le spiritualisme moderne va accentuer, développer cette tendance, lui donner un sens plus clair et plus précis. Par son côté expérimental, il n’est encore qu’une science ; par le but de ses recherches, il plonge à travers les régions invisibles et s’élève jusqu’aux sources éternelles d’où découlent toute force et toute vie. Par là, il unit l’homme à la Puissance divine et devient une doctrine, une philosophie religieuse. Il est, de plus, le lien qui réunit deux humanités. Par lui, les esprits prisonniers dans la chair et ceux qui en sont délivrés s’appellent, se répondent ; entre eux, une véritable communion s’établit.
Il ne faut donc pas voir là une religion dans le sens étroit, dans le sens actuel de ce mot. Les religions de notre temps veulent des dogmes et des prêtres, et la doctrine nouvelle n’en comporte pas. Elle est ouverte à tous les chercheurs ; l’esprit de libre critique, d’examen et de contrôle préside à ses investigations.
Les dogmes et les prêtres sont nécessaires, et le seront longtemps encore, aux âmes jeunes et timides qui pénètrent chaque jour dans le cercle de la vie terrestre et ne peuvent se diriger seules dans la voie de la connaissance, ni analyser leurs besoins et leurs sensations.
Le spiritualisme moderne s’adresse surtout aux âmes évoluées, aux esprits libres et majeurs, qui veulent trouver par eux-mêmes la solution des grands problèmes et la formule de leur Credo. Il leur offre une conception, une interprétation des vérités et des lois universelles, basée sur l’expérimentation, sur la raison et sur l’enseignement des Esprits. Ajoutez-y la révélation des devoirs et des responsabilités, qui, seule, donne une base solide à notre instinct de justice. Puis, avec la force morale, les satisfactions du coeur, la joie de retrouver, au moins par la pensée, quelquefois même par la forme[3], les êtres aimés que l’on croyait perdus. A la preuve de leur survivance, se joint la certitude de les rejoindre et de revivre avec eux des vies sans nombre, vies d’ascension, de bonheur ou de progrès.
Ainsi, graduellement, les problèmes les plus obscurs s’éclairent ; l’Au-delà s’entrouvre ; le côté divin des êtres et des choses se révèle. Par la force de ces enseignements, tôt ou tard, l’âme humaine montera, et, des hauteurs atteintes, elle verra que tout se relie, que les différentes théories, contradictoires et hostiles en apparence, ne sont que les aspects divers d’un même tout. Les lois du majestueux univers se résumeront, pour elle, en une loi unique, à la fois force intelligente et consciente, mode de pensée et d’action. Et par là, tous les mondes, tous les êtres se trouveront reliés dans une même unité puissante, associés dans une même harmonie, entraînés vers un même but.
Un jour viendra où tous les petits systèmes, étroits et vieillis, se fondront en une vaste synthèse, embrassant tous les royaumes de l’idée. Sciences, philosophies, religions, aujourd’hui divisées, se rejoindront dans la lumière et ce sera la vie, la splendeur de l’esprit, le règne de la Connaissance. Dans cet accord magnifique, les sciences fourniront la précision et la méthode dans l’ordre des faits ; les philosophies, la rigueur de leurs déductions logiques ; la poésie, l’irradiation de ses lumières et la magie de ses couleurs. La religion y ajoutera les qualités du sentiment et la notion d’esthétique élevée. Ainsi se réaliseront la beauté dans la force et l’unité de la pensée. L’âme s’orientera vers les plus hautes cimes, tout en maintenant l’équilibre de relation nécessaire qui doit régler la marche parallèle et rythmée de l’intelligence et de la conscience, dans leur ascension à la conquête du Bien et du Vrai.
[1] Christianisme et Spiritisme (première partie, passim).
[2] Sir O. Lodge, qui fut recteur de l’Université de Birmingham, membre de l’Académie royale, voyait dans les études psychiques l’avènement prochain d’une nouvelle religion plus libre (Annales des Sciences Psychiques, décembre 1905, p.765.)
Voir aussi Maxwell, procureur général à la Cour d’appel de Bordeaux, les Phénomènes Psychiques, p. 11.
[3] Voir Dans l’Invibible : Apparitions et matérialisations d’Esprits.
L’influence des Esprits sur nos pensées et sur nos actions
Extrais du chapitre 9 du Livre des Esprits – Allan Kardec.
459. Les Esprits influent-ils sur nos pensées et sur nos actions ?
« Sous ce rapport leur influence est plus grande que vous ne croyez, car bien souvent ce sont eux qui vous dirigent. »
460. Avons-nous des pensées qui nous sont propres, et d’autres qui nous sont suggérées ?
« Votre âme est un Esprit qui pense ; vous n’ignorez pas que plusieurs pensées vous arrivent à la fois sur un même sujet, et souvent bien contraires les unes aux autres ; eh bien ! il y en a toujours de vous et de nous ; c’est ce qui vous met dans l’incertitude, parce que vous avez en vous deux idées qui se combattent. »
461. Comment distinguer les pensées qui nous sont propres de celles qui nous sont suggérées ?
« Lorsqu’une pensée est suggérée, c’est comme une voix qui vous parle. Les pensées propres sont en général celles du premier mouvement. Du reste, il n’y a pas un grand intérêt pour vous dans cette distinction, et il est souvent utile de ne pas le savoir : l’homme agit plus librement ; s’il se décide pour le bien, il le fait plus volontiers ; s’il prend le mauvais chemin, il n’en a que plus de responsabilité. »
462. Les hommes d’intelligence et de génie puisent-ils toujours leurs idées dans leur propre fonds ?
« Quelquefois, les idées viennent de leur propre Esprit, mais souvent elles leur sont suggérées par d’autres Esprits qui les jugent capables de les comprendre et dignes de les transmettre. Quand ils ne les trouvent pas en eux, ils font appel à l’inspiration ; c’est une évocation qu’ils font sans s’en douter. »
S’il eût été utile que nous puissions distinguer clairement nos pensées propres de celles qui nous sont suggérées, Dieu nous en eût donné le moyen, comme il nous donne celui de distinguer le jour et la nuit. Quand une chose est dans le vague, c’est que cela doit être pour le bien.
463. On dit quelquefois que le premier mouvement est toujours bon ; cela est-il exact ?
« Il peut être bon ou mauvais selon la nature de l’Esprit incarné. Il est toujours bon chez celui qui écoute les bonnes inspirations. »
464. Comment distinguer si une pensée suggérée vient d’un bon ou d’un mauvais Esprit ?
« Etudiez la chose ; les bons Esprits ne conseillent que le bien ; c’est à vous de distinguer. »
465. Dans quel but les Esprits imparfaits nous poussent-ils au mal ?
« Pour vous faire souffrir comme eux. »
– Cela diminue-t-il leurs souffrances ?
« Non, mais ils le font par jalousie de voir des êtres plus heureux. »
– Quelle nature de souffrance veulent-ils faire éprouver ?
« Celles qui résultent d’être d’un ordre inférieur et éloigné de Dieu. »
466. Pourquoi Dieu permet-il que des Esprits nous excitent au mal ?
« Les Esprits imparfaits sont des instruments destinés à éprouver la foi et la constance des hommes dans le bien. Toi, étant Esprit, tu dois progresser dans la science de l’infini, c’est pour cela que tu passes par les épreuves du mal pour arriver au bien. Notre mission est de te mettre dans le bon chemin, et quand de mauvaises influences agissent sur toi, c’est que tu les appelles par le désir du mal, car les Esprits inférieurs viennent à ton aide dans le mal quand tu as la volonté de le commettre ; ils ne peuvent t’aider dans le mal que quand tu veux le mal. Si tu es enclin au meurtre, eh bien ! tu auras une nuée d’Esprits qui entretiendront cette pensée en toi ; mais aussi tu en as d’autres qui tâcheront de t’influencer en bien, ce qui fait que cela rétablit la balance et te laisse le maître. »
C’est ainsi que Dieu laisse à notre conscience le choix de la route que nous devons suivre, et la liberté de céder à l’une ou à l’autre des influences contraires qui s’exercent sur nous.
467. Peut-on s’affranchir de l’influence des Esprits qui sollicitent au mal ?
« Oui, car ils ne s’attachent qu’à ceux qui les sollicitent par leurs désirs ou les attirent par leurs pensées. »
468. Les Esprits dont l’influence est repoussée par la volonté renoncent-ils à leurs tentatives ?
« Que veux-tu qu’ils fassent ? Quand il n’y a rien à faire, ils cèdent la place ; cependant, ils guettent le moment favorable, comme le chat guette la souris. »
469. Par quel moyen peut-on neutraliser l’influence des mauvais Esprits ?
« En faisant le bien, et en mettant toute votre confiance en Dieu, vous repoussez l’influence des Esprits inférieurs et vous détruisez l’empire qu’ils voulaient prendre sur vous. Gardez-vous d’écouter les suggestions des Esprits qui suscitent en vous de mauvaises pensées, qui soufflent la discorde entre vous, et qui excitent en vous toutes les mauvaises passions. Défiez-vous surtout de ceux qui exaltent votre orgueil, car ils vous prennent par votre faible. Voilà pourquoi Jésus vous fait dire dans l’oraison dominicale : Seigneur ! ne nous laissez pas succomber à la tentation, mais délivrez-nous du mal. »
470. Les Esprits qui cherchent à nous induire au mal, et qui mettent ainsi à l’épreuve notre fermeté dans le bien, ont-ils reçu mission de le faire, et si c’est une mission qu’ils accomplissent en ont-ils la responsabilité ?
« Nul Esprit ne reçoit la mission de faire le mal ; quand il le fait, c’est de sa propre volonté, et par conséquent il en subit les conséquences. Dieu peut le lui laisser faire pour vous éprouver, mais il ne le lui commande pas, et c’est à vous de le repousser. »
471. Lorsque nous éprouvons un sentiment d’angoisse, d’anxiété indéfinissable ou de satisfaction intérieure sans cause connue, cela tient-il uniquement à une disposition physique ?
« C’est presque toujours un effet des communications que vous avez à votre insu avec les Esprits, ou que vous avez eues avec eux pendant le sommeil. »
472. Les Esprits qui veulent nous exciter au mal ne font-ils que profiter des circonstances où nous nous trouvons, ou peuvent-ils faire naître ces circonstances ?
« Ils profitent de la circonstance, mais souvent ils la provoquent en vous poussant à votre insu vers l’objet de votre convoitise. Ainsi, par exemple, un homme trouve sur son chemin une somme d’argent : ne crois pas que ce sont les Esprits qui ont apporté l’argent en cet endroit, mais ils peuvent donner à l’homme la pensée de se diriger de ce côté, et alors la pensée lui est suggérée par eux de s’en emparer, tandis que d’autres lui suggèrent celle de rendre cet argent à celui à qui il appartient. Il en est de même de toutes les autres tentations. »
Y-a-t-il une vie après la mort ?
Les membres du CESVAK et de LA MAISON DU SPIRITISME ont la joie de vous présenter une série de vidéos courtes sur des questions que vous vous êtes certainement déjà posées!
Des questions simples dans leur forme qui ouvrent la porte à un monde merveilleux et riche de connaissances et d’utilités. Nous vous invitons en avant-première à visionner avec nous cette vidéo de la série « Questions-Réponses d’ici sur l’au-delà. ». Nous sommes heureux de répondre en direct à vos impressions, commentaires et autres questions. Une création du CESVAK. http://centrespiritevendeen.free.fr/
Le Bien et le Mal d’après quelques questions du livre des Esprits
120. Tous les Esprits passent-ils par la filière du mal pour arriver au bien ?
« Non par la filière du mal, mais par celle de l’ignorance. »
121. Pourquoi certains Esprits ont-ils suivi la route du bien, et d’autres celle du mal ?
« N’ont-ils pas leur libre arbitre ? Dieu n’a point créé d’Esprits mauvais ; il les a créés simples et ignorants, c’est-à-dire ayant autant d’aptitude pour le bien que pour le mal ; ceux qui sont mauvais le deviennent par leur volonté. »
122. Comment les Esprits, à leur origine, alors qu’ils n’ont pas encore la conscience d’eux-mêmes, peuvent-ils avoir la liberté du choix entre le bien et le mal ? Y a-t-il en eux un principe, une tendance quelconque, qui les porte plutôt dans une voie que dans une autre ?
« Le libre arbitre se développe à mesure que l’Esprit acquiert la conscience de lui-même. Il n’y aurait plus liberté si le choix était sollicité par une cause indépendante de la volonté de l’Esprit. La cause n’est pas en lui, elle est hors de lui, dans les influences auxquelles il cède en vertu de sa libre volonté. C’est la grande figure de la chute de l’homme et du péché originel : les uns ont cédé à la tentation, les autres ont résisté. »
– D’où viennent les influences qui s’exercent sur lui ?
« Des Esprits imparfaits qui cherchent à s’emparer de lui, à le dominer, et qui sont heureux de le faire succomber. C’est ce que l’on a voulu peindre par la figure de Satan. »
– Cette influence ne s’exerce-t-elle sur l’Esprit qu’à son origine ?
« Elle le suit dans sa vie d’Esprit jusqu’à ce qu’il ait tellement pris d’empire sur lui-même, que les mauvais renoncent à l’obséder. »
629. Quelle définition peut-on donner de la morale ?
« La morale est la règle pour se bien conduire, c’est-à-dire la distinction entre le bien et le mal. Elle est fondée sur l’observation de la loi de Dieu. L’homme se conduit bien quand il fait tout en vue et pour le bien de tous, car alors il observe la loi de Dieu. »
630. Comment peut-on distinguer le bien et le mal ?
« Le bien est tout ce qui est conforme à la loi de Dieu, et le mal tout ce qui s’en écarte. Ainsi, faire le bien, c’est se conformer à la loi de Dieu ; faire le mal, c’est enfreindre cette loi. »
631. L’homme a-t-il par lui-même les moyens de distinguer ce qui est bien de ce qui est mal ?
« Oui, quand il croit en Dieu et qu’il veut le savoir. Dieu lui a donné l’intelligence pour discerner l’un de l’autre. »
632. L’homme, qui est sujet à l’erreur, ne peut-il se tromper dans l’appréciation du bien et du mal, et croire qu’il fait bien quand en réalité il fait mal ?
« Jésus vous l’a dit : voyez ce que vous voudriez qu’on fît ou ne fît pas pour vous : tout est là. Vous ne vous tromperez pas. »
642. suffit-il de ne point faire de mal pour être agréable à Dieu et assurer sa position à venir ?
« Non, il faut faire le bien dans la limite de ses forces ; car chacun répondra de tout le mal qui aura été fait à cause du bien qu’il n’aura pas fait. »
La foi transporte des Montagnes
Extrait du chapitre 19 de l’Evangile selon le Spiritisme – Allan Kardec
6. Au point de vue religieux, la foi est la croyance dans les dogmes particuliers, qui constituent les différentes religions ; toutes les religions ont leurs articles de foi. Sous ce rapport, la foi peut être raisonnée ou aveugle. La foi aveugle n’examinant rien, accepte sans contrôle le faux comme le vrai, et se heurte à chaque pas contre l’évidence et la raison ; poussée à l’excès, elle produit le fanatisme. Quand la foi repose sur l’erreur, elle se brise tôt ou tard ; celle qui a pour base la vérité est seule assurée de l’avenir, parce qu’elle n’a rien à redouter du progrès des lumières, attendu que ce qui est vrai dans l’ombre, l’est également au grand jour. Chaque religion prétend être en possession exclusive de la vérité ; préconiser la foi aveugle sur un point de croyance, c’est avouer son impuissance à démontrer qu’on a raison.
7. On dit vulgairement que la foi ne se commande pas, de là beaucoup de gens disent que ce n’est pas leur faute s’ils n’ont pas la foi. Sans doute la foi ne se commande pas, et ce qui est encore plus juste : la foi ne s’impose pas. Non, elle ne se commande pas, mais elle s’acquiert, et il n’est personne à qui il soit refusé de la posséder, même parmi les plus réfractaires. Nous parlons des vérités spirituelles fondamentales, et non de telle ou telle croyance particulière. Ce n’est pas à la foi à aller à eux, c’est à eux à aller au-devant de la foi, et s’ils la cherchent avec sincérité, ils la trouveront. Tenez donc pour certain que ceux qui disent : « Nous ne demanderions pas mieux que de croire, mais nous ne le pouvons pas,» le disent des lèvres et non du cœur, car en disant cela ils se bouchent les oreilles. Les preuves cependant abondent autour d’eux ; pourquoi donc refusent-ils de les voir ? Chez les uns c’est insouciance ; chez d’autres la crainte d’être forcés de changer leurs habitudes ; chez la plupart c’est l’orgueil qui refuse de reconnaître une puissance supérieure, parce qu’il leur faudrait s’incliner devant elle.
Chez certaines personnes, la foi semble en quelque sorte innée ; une étincelle suffit pour la développer. Cette facilité à s’assimiler les vérités spirituelles est un signe évident de progrès antérieur ; chez d’autres, au contraire, elles ne pénètrent qu’avec difficulté, signe non moins évident d’une nature en retard. Les premières ont déjà cru et compris ; elles apportent en renaissant l’intuition de ce qu’elles ont su : leur éducation est faite ; les secondes ont tout à apprendre : leur éducation est à faire ; elle se fera, et si elle n’est pas terminée dans cette existence, elle le sera dans une autre.
La résistance de l’incrédule, il faut en convenir, tient souvent moins à lui qu’à la manière dont on lui présente les choses. A la foi il faut une base, et cette base c’est l’intelligence parfaite de ce que l’on doit croire ; pour croire il ne suffit pas de voir, il faut surtout comprendre. La foi aveugle n’est plus de ce siècle ; or, c’est précisément le dogme de la foi aveugle qui fait aujourd’hui le plus grand nombre des incrédules, parce qu’elle veut s’imposer, et qu’elle exige l’abdication d’une des plus précieuses prérogatives de l’homme : le raisonnement et le libre arbitre. C’est cette foi contre laquelle surtout se raidit l’incrédule, et dont il est vrai de dire qu’elle ne se commande pas ; n’admettant pas de preuves, elle laisse dans l’esprit un vague d’où naît le doute. La foi raisonnée, celle qui s’appuie sur les faits et la logique, ne laisse après elle aucune obscurité ; on croit, parce qu’on est certain, et l’on n’est certain que lorsqu’on a compris ; voilà pourquoi elle ne fléchit pas ; car il n’y a de foi inébranlable que celle qui peut regarder la raison face à face à tous les âges de l‘humanité.
C’est à ce résultat que conduit le spiritisme, aussi triomphe-t-il de l’incrédulité toutes les fois qu’il ne rencontre pas d’opposition systématique et intéressée.