Code pénal de la vie future

Extrait du chapitre VII de la partie I du livre Le Ciel et l’Enfer d’Allan Kardec


Le Spiritisme ne vient donc point, de son autorité privée, formuler un code de fantaisie ; sa loi, en ce qui touche l’avenir de l’âme, déduite d’observations prises sur le fait, peut se résumer dans les points suivants :

1° L’âme ou l’Esprit, subit, dans la vie spirituelle, les conséquences de toutes les imperfections dont elle ne s’est pas dépouillée pendant la vie corporelle. Son état, heureux ou malheureux, est inhérent au degré de son épuration ou de ses imperfections.

2° Le bonheur parfait est attaché à la perfection, c’est-à-dire à l’épuration complète de l’Esprit. Toute imperfection est à la fois une cause de souffrance et de privation de jouissance, de même que toute qualité acquise est une cause de jouissance et d’atténuation des souffrances.

Il n’est pas une seule imperfection de l’âme qui ne porte avec elle ses conséquences fâcheuses, inévitables, et pas une seule bonne qualité qui ne soit la source d’une jouissance. La somme des peines est ainsi proportionnée à la somme des imperfections, de même que celle des jouissances est en raison de la somme des qualités.

L’âme qui a dix imperfections, par exemple, souffre plus que celle qui n’en a que trois ou quatre ; lorsque de ces dix imperfections, il ne lui en restera que le quart ou la moitié, elle souffrira moins, et lorsqu’il ne lui en restera plus, elle ne souffrira plus du tout et sera parfaitement heureuse. Tel, sur la terre, celui qui a plusieurs maladies souffre plus que celui qui n’en a qu’une, ou qui n’en a point. Par la même raison, l’âme qui possède dix qualités a plus de jouissances que celle qui en a moins.

4° En vertu de la loi du progrès, toute âme ayant la possibilité d’acquérir le bien qui lui manque et de se défaire de ce qu’elle a de mauvais, selon ses efforts et sa volonté, il en résulte que l’avenir n’est fermé à aucune créature. Dieu ne répudie aucun de ses enfants ; il les reçoit dans son sein à mesure qu’ils atteignent la perfection, laissant ainsi à chacun le mérite de ses oeuvres.

5° La souffrance étant attachée à l’imperfection, comme la jouissance l’est à la perfection, l’âme porte en elle-même son propre châtiment partout où elle se trouve : il n’est pas besoin pour cela d’un lieu circonscrit. L’enfer est donc partout où il y a des âmes souffrantes, comme le ciel est partout où il y a des âmes heureuses.

6° Le bien et le mal que l’on fait sont le produit des bonnes et des mauvaises qualités que l’on possède. Ne pas faire le bien que l’on est à même de faire est donc le résultat d’une imperfection. Si toute imperfection est une source de souffrance, l’Esprit doit souffrir non seulement de tout le mal qu’il a fait, mais de tout le bien qu’il aurait pu faire et qu’il n’a pas fait pendant sa vie terrestre.

7° L’Esprit souffre par le mal même qu’il a fait, de manière que son attention étant incessamment portée sur les suites de ce mal, il en comprenne mieux les inconvénients et soit excité à s’en corriger.

8° La justice de Dieu étant infinie, il est tenu un compte rigoureux du bien et du mal ; s’il n’est pas une seule mauvaise action, pas une seule mauvaise pensée qui n’ait ses conséquences fatales, il n’est pas une seule bonne action, pas un seul bon mouvement de l’âme, pas le plus léger mérite, en un mot, qui soit perdu, même chez les plus pervers parce que c’est un commencement de progrès.

9° Toute faute commise, tout mal accompli, est une dette contractée qui doit être payée ; si elle ne l’est dans une existence, elle le sera dans la suivante ou dans les suivantes, parce que toutes les existences sont solidaires les unes des autres. Celui qui s’acquitte dans l’existence présente n’aura pas à payer une seconde fois.

10° L’Esprit subit la peine de ses imperfections, soit dans le monde spirituel, soit dans le monde corporel. Toutes les misères, toutes les vicissitudes que l’on endure dans la vie corporelle sont des suites de nos imperfections, des expiations de fautes commises, soit dans l’existence présente, soit dans les précédentes.

A la nature des souffrances et des vicissitudes que l’on endure dans la vie corporelle, on peut juger de la nature des fautes commises dans une précédente existence, et des imperfections qui en sont la cause.

11° L’expiation varie selon la nature et la gravité de la faute ; la même faute peut ainsi donner lieu à des expiations différentes, selon les circonstances atténuantes ou aggravantes dans lesquelles elle a été commise.

12° Il n’y a, sous le rapport de la nature et de la durée du châtiment, aucune règle absolue et uniforme ; la seule loi générale est que toute faute reçoit sa punition et toute bonne action sa récompense, selon sa valeur.

13° La durée du châtiment est subordonnée à l’amélioration de l’Esprit coupable. Aucune condamnation pour un temps déterminé n’est prononcée contre lui. Ce que Dieu exige pour mettre un terme aux souffrances, c’est une amélioration sérieuse, effective, et un retour sincère au bien.

L’Esprit est ainsi toujours l’arbitre de son propre sort ; il peut prolonger ses souffrances par son endurcissement dans le mal, les adoucir ou les abréger par ses efforts pour faire le bien.

Une condamnation pour un temps déterminé quelconque aurait le double inconvénient, ou de continuer à frapper l’Esprit qui se serait amélioré, ou de cesser alors que celui-ci serait encore dans le mal. Dieu, qui est juste, punit le mal tant qu’il existe ; il cesse de punir quand le mal n’existe plus[1] ; ou, si l’on veut, le mal moral étant, par lui-même, une cause de souffrance, la souffrance dure aussi longtemps que le mal subsiste ; son intensité diminue à mesure que le mal s’affaiblit.

14° La durée du châtiment étant subordonnée à l’amélioration, il en résulte que l’Esprit coupable qui ne s’améliorerait jamais souffrirait toujours, et que, pour lui, la peine serait éternelle.

15° Une condition inhérente à l’infériorité des Esprits est de ne point voir le terme de leur situation et de croire qu’ils souffriront toujours. C’est pour eux un châtiment qui leur paraît devoir être éternel[2].

16° Le repentir est le premier pas vers l’amélioration ; mais seul il ne suffit pas, il faut encore l’expiation et la réparation.

Repentir, expiation et réparation sont les trois conditions nécessaires pour effacer les traces d’une faute et ses conséquences.

Le repentir adoucit les douleurs de l’expiation, en ce qu’il donne l’espérance et prépare les voies de la réhabilitation ; mais la réparation seule peut annuler l’effet en détruisant la cause ; le pardon serait une grâce et non pas une annulation.

17° Le repentir peut avoir lieu partout et en tout temps ; s’il est tardif, le coupable souffre plus longtemps.

L’expiation consiste dans les souffrances physiques et morales, qui sont la conséquence de la faute commise, soit dès la vie présente, soit, après la mort, dans la vie spirituelle, soit dans une nouvelle existence corporelle, jusqu’à ce que les traces de la faute soient effacées.

La réparation consiste à faire du bien à celui à qui on a fait du mal. Celui qui ne répare pas ses torts en cette vie, par impuissance ou mauvais vouloir, se retrouvera, dans une existence ultérieure, en contact avec les mêmes personnes qui ont eu à se plaindre de lui, et dans des conditions choisies par lui-même, de manière à pouvoir leur prouver son dévouement, et leur faire autant de bien qu’il leur a fait de mal.

Toutes les fautes ne portent pas un préjudice direct et effectif ; dans ce cas, la réparation s’accomplit : en faisant ce que l’on devait faire et que l’on n’a pas fait, en remplissant les devoirs que l’on a négligés ou méconnus, les missions où l’on a failli ; en pratiquant le bien contraire à ce que l’on a fait de mal : c’est-à-dire en étant humble si l’on a été orgueilleux, doux si l’on a été dur, charitable si l’on a été égoïste, bienveillant si l’on a été malveillant, laborieux si l’on a été paresseux, utile si l’on a été inutile, tempérant si l’on a été dissolu, de bon exemple si l’on en a donné de mauvais, etc. C’est ainsi que l’Esprit progresse en mettant à profit son passé[3].

18° Les Esprits imparfaits sont exclus des mondes heureux, dont ils troubleraient l’harmonie ; ils restent dans les mondes inférieurs, où ils expient leurs fautes par les tribulations de la vie, et se purifient de leurs imperfections, jusqu’à ce qu’ils méritent de s’incarner dans les mondes plus avancés moralement et physiquement.

Si l’on peut concevoir un lieu de châtiment circonscrit, c’est dans les mondes d’expiation, car c’est autour de ces mondes que pullulent les Esprits imparfaits désincarnés, en attendant une nouvelle existence qui, en leur permettant de réparer le mal qu’ils ont fait, aidera à leur avancement.

19° L’Esprit ayant toujours son libre arbitre, son amélioration est quelquefois lente, et son obstination dans le mal très tenace.* Il peut y persister des années et des siècles ; mais il arrive toujours un moment où son entêtement à braver la justice de Dieu fléchit devant la souffrance, et où, malgré sa forfanterie, il reconnaît la puissance supérieure qui le domine. Dès que se manifestent en lui les premières lueurs du repentir, Dieu lui fait entrevoir l’espérance.

Aucun Esprit n’est dans la condition de ne s’améliorer jamais ; autrement, il serait voué fatalement à une éternelle infériorité, et il échapperait à la loi du progrès qui régit providentiellement toutes les créatures.

20° Quelles que soient l’infériorité et la perversité des Esprits, Dieu ne les abandonne jamais. Tous ont leur ange gardien qui veille sur eux, épie les mouvements de leur âme et s’efforce de susciter en eux de bonnes pensées, le désir de progresser et de réparer, dans une nouvelle existence, le mal qu’ils ont fait. Cependant le guide protecteur agit le plus souvent d’une manière occulte, sans exercer aucune pression. L’Esprit doit s’améliorer par le fait de sa propre volonté, et non par suite d’une contrainte quelconque. Il agit bien ou mal en vertu de son libre arbitre, mais sans être fatalement poussé dans un sens ou dans l’autre. S’il fait mal, il en subit les conséquences aussi longtemps qu’il reste dans la mauvaise voie ; dès qu’il fait un pas vers le bien, il en ressent immédiatement les effets.

Remarque. – Ce serait une erreur de croire qu’en vertu de la loi du progrès, la certitude d’arriver tôt ou tard à la perfection et au bonheur peut être un encouragement à persévérer dans le mal, sauf à se repentir plus tard : d’abord, parce que l’Esprit inférieur ne voit pas le terme de sa situation ; en second lieu, parce que l’Esprit, étant l’artisan de son propre malheur, finit par comprendre qu’il dépend de lui de le faire cesser, et que plus longtemps il persistera dans le mal, plus longtemps il sera malheureux ; que sa souffrance durera toujours s’il n’y met lui-même un terme. Ce serait donc de sa part un faux calcul, dont il serait la première dupe. Si, au contraire, selon le dogme des peines irrémissibles, toute espérance lui est à jamais fermée, il n’a aucun intérêt à revenir au bien, qui est pour lui sans profit.

Devant cette loi tombe également l’objection tirée de la prescience divine. Dieu, en créant une âme, sait en effet si, en vertu de son libre arbitre, elle prendra la bonne ou la mauvaise voie ; il sait qu’elle sera punie si elle fait mal ; mais il sait aussi que ce châtiment temporaire est un moyen de lui faire comprendre son erreur et de la faire entrer dans le bon chemin, où elle arrivera tôt ou tard. Selon la doctrine des peines éternelles, il sait qu’elle faillira, et elle est d’avance condamnée à des tortures sans fin.

21° Chacun n’est responsable que de ses fautes personnelles ; nul ne porte la peine de celles d’autrui, à moins qu’il n’y ait donné lieu, soit en les provoquant par son exemple, soit en ne les empêchant pas lorsqu’il en avait le pouvoir.

C’est ainsi, par exemple, que le suicide est toujours puni ; mais celui qui, par sa dureté, pousse un individu au désespoir et de là à se détruire, subit une peine encore plus grande.

22° Quoique la diversité des punitions soit infinie, il en est qui sont inhérentes à l’infériorité des Esprits, et dont les conséquences, sauf les nuances, sont à peu près identiques.

La punition la plus immédiate, chez ceux surtout qui se sont attachés à la vie matérielle en négligeant le progrès spirituel, consiste dans la lenteur de la séparation de l’âme et du corps, dans les angoisses qui accompagnent la mort et le réveil dans l’autre vie, dans la durée du trouble qui peut exister des mois et des années. Chez ceux, au contraire, dont la conscience est pure, qui, dès leur vivant, se sont identifiés avec la vie spirituelle et détachés des choses matérielles, la séparation est rapide, sans secousses, le réveil paisible et le trouble presque nul.

23° Un phénomène, très fréquent chez les Esprits d’une certaine infériorité morale, consiste à se croire encore vivants, et cette illusion peut se prolonger pendant des années, pendant lesquelles ils éprouvent tous les besoins, tous les tourments et toutes les perplexités de la vie.

24° Pour le criminel, la vue incessante de ses victimes et des circonstances du crime est un cruel supplice.

25° Certains Esprits sont plongés dans d’épaisses ténèbres ; d’autres sont dans un isolement absolu au milieu de l’espace, tourmentés par l’ignorance de leur position et de leur sort. Les plus coupables souffrent des tortures d’autant plus poignantes, qu’ils n’en voient pas le terme. Beaucoup sont privés de la vue des êtres qui leur sont chers. Tous, généralement, endurent avec une intensité relative les maux, les douleurs et les besoins qu’ils ont fait endurer aux autres, jusqu’à ce que le repentir et le désir de la réparation viennent y apporter un adoucissement, en faisant entrevoir la possibilité de mettre, par lui-même, un terme à cette situation.

26° C’est un supplice pour l’orgueilleux de voir au-dessus de lui, dans la gloire, entourés et fêtés, ceux qu’il avait méprisés sur la terre, tandis que lui est relégué aux derniers rangs ; pour l’hypocrite, de se voir transpercé par la lumière qui met à nu ses plus secrètes pensées que tout le monde peut lire : nul moyen pour lui de se cacher et de dissimuler ; pour le sensuel, d’avoir toutes les tentations, tous les désirs, sans pouvoir les satisfaire ; pour l’avare, de voir son or dilapidé et de ne pouvoir le retenir ; pour l’égoïste, d’être délaissé par tout le monde et de souffrir tout ce que d’autres ont souffert par lui : il aura soif, et personne ne lui donnera à boire, il aura faim, et personne ne lui donnera à manger ; nulle main amie ne vient presser la sienne, nulle voix compatissante ne vient le consoler ; il n’a songé qu’à lui pendant sa vie, personne ne pense à lui et ne le plaint après sa mort.

27° Le moyen d’éviter ou d’atténuer les conséquences de ses défauts dans la vie future, c’est de s’en défaire le plus possible dans la vie présente ; c’est de réparer le mal, pour n’avoir pas à le réparer plus tard d’une manière plus terrible. Plus on tarde à se défaire de ses défauts, plus les suites en sont pénibles et plus la réparation que l’on doit accomplir est rigoureuse.

28° La situation de l’Esprit, dès son entrée dans la vie spirituelle, est celle qu’il s’y est préparée par la vie corporelle. Plus tard, une autre incarnation lui est donnée pour l’expiation et la réparation par de nouvelles épreuves ; mais il en profite plus ou moins, en vertu de son libre arbitre ; s’il n’en profite pas, c’est une tâche à recommencer chaque fois dans des conditions plus pénibles : de sorte que celui qui souffre beaucoup sur la terre peut se dire qu’il avait beaucoup à expier ; ceux qui jouissent d’un bonheur apparent, malgré leurs vices et leur inutilité, sont certains de le payer chèrement dans une existence ultérieure. C’est en ce sens que Jésus a dit : «Bienheureux les affligés, car ils seront consolés.» (Evangile selon le Spiritisme, chapitre V.)

29° La miséricorde de Dieu est infinie, sans doute, mais elle n’est pas aveugle. Le coupable auquel il pardonne n’est pas exonéré, et tant qu’il n’a point satisfait à la justice, il subit les conséquences de ses fautes. Par miséricorde infinie, il faut entendre que Dieu n’est pas inexorable, et qu’il laisse toujours ouverte la porte du retour au bien.

30° Les peines étant temporaires et subordonnées au repentir et à la réparation, qui dépendent de la libre volonté de l’homme, sont à la fois des châtiments et des remèdes qui doivent aider à guérir les blessures du mal. Les Esprits en punition sont donc, non comme des galériens condamnés à temps, mais comme des malades à l’hôpital, qui souffrent de la maladie qui souvent est de leur faute, et des moyens curatifs douloureux qu’elle nécessite, mais qui ont l’espoir de guérir, et qui guérissent d’autant plus vite, qu’ils suivent plus exactement les prescriptions du médecin qui veille sur eux avec sollicitude. S’ils prolongent leurs souffrances par leur faute, le médecin n’y est pour rien.

31° Aux peines que l’Esprit endure dans la vie spirituelle viennent se joindre celles de la vie corporelle, qui sont la conséquence des imperfections de l’homme, de ses passions, du mauvais emploi de ses facultés, et l’expiation de ses fautes présentes et passées. C’est dans la vie corporelle que l’Esprit répare le mal de ses existences antérieures, qu’il met en pratique les résolutions prises dans la vie spirituelle. Ainsi s’expliquent ces misères et ces vicissitudes qui, au premier abord, semblent n’avoir pas de raison d’être, et sont de toute justice dès lors qu’elles sont l’acquit du passé et qu’elles servent à notre avancement[4].

32° Dieu, dit-on, ne prouverait-il pas un plus grand amour pour ses créatures, s’il les eût créées infaillibles et par conséquent exemptes des vicissitudes attachées à l’imperfection ?

Il eût fallu, pour cela, qu’il créât des êtres parfaits, n’ayant rien à acquérir, ni en connaissances ni en moralité. Sans aucun doute, il le pouvait ; s’il ne l’a pas fait, c’est que, dans sa sagesse, il a voulu que le progrès fût la loi générale.

Les hommes sont imparfaits, et, comme tels, sujets à des vicissitudes plus ou moins pénibles ; c’est un fait qu’il faut accepter, puisqu’il existe. En inférer que Dieu n’est ni bon ni juste serait une révolte contre lui.

Il y aurait injustice s’il eût créé des êtres privilégiés, plus favorisés les uns que les autres, jouissant sans travail du bonheur que d’autres n’atteignent qu’avec peine, ou ne pouvant jamais y atteindre. Mais où sa justice éclate, c’est dans l’égalité absolue qui préside à la création de tous les Esprits ; tous ont un même point de départ ; aucun qui soit, à sa formation, mieux doué que les autres ; aucun dont la marche ascensionnelle soit facilitée par exception : ceux qui sont arrivés au but ont passé, comme les autres, par la filière des épreuves et de l’infériorité.

Ceci admis, quoi de plus juste que la liberté d’action laissée à chacun ? La route du bonheur est ouverte à tous ; le but est le même pour tous ; les conditions pour l’atteindre sont les mêmes pour tous ; la loi gravée dans toutes les consciences est enseignée à tous. Dieu a fait du bonheur le prix du travail, et non de la faveur, afin que chacun en eût le mérite ; chacun est libre de travailler ou de ne rien faire pour son avancement ; celui qui travaille beaucoup et vite en est plus tôt récompensé ; celui qui s’égare en route ou perd son temps retarde son arrivée, et ne peut s’en prendre qu’à lui-même. Le bien et le mal sont volontaires et facultatifs ; l’homme, étant libre, n’est fatalement poussé ni vers l’un, ni vers l’autre.

33° Malgré la diversité des genres et des degrés de souffrance des Esprits imparfaits, le code pénal de la vie future peut se résumer dans ces trois principes :

La souffrance est attachée à l’imperfection.

Toute imperfection, et toute faute qui en est la suite, porte avec elle son propre châtiment, par ses conséquences naturelles et inévitables, comme la maladie est la suite des excès, l’ennui celle de l’oisiveté, sans qu’il soit besoin d’une condamnation spéciale pour chaque faute et chaque individu.

Tout homme, pouvant se défaire de ses imperfections par l’effet de sa volonté, peut s’épargner les maux qui en sont la suite, et assurer son bonheur futur.

Telle est la loi de la justice divine ; à chacun selon ses oeuvres, dans le ciel comme sur la terre.


[1]   Voir ci-dessus, chapitre VI, n° 25, citation d’Ezéchiel.

[2]    Perpétuel est synonyme d’éternel. On dit : la limite des neiges perpétuelles ; les glaces éternelles des pôles ; on dit aussi le secrétaire perpétuel de l’Académie, ce qui ne veut pas dire qu’il le sera à perpétuité, mais seulement pour un temps illimité. Eternel et perpétuel s’emploient donc dans le sens d’indéterminé. Dans cette acception, on peut dire que les peines sont éternelles, si l’on entend qu’elles n’ont pas une durée limitée ; elles sont éternelles pour l’Esprit qui n’en voit pas le terme.

[3]    La nécessité de la réparation est un principe de rigoureuse justice que l’on peut considérer comme la véritable loi de réhabilitation morale des Esprits. C’est une doctrine qu’aucune religion n’a encore proclamée.

      Cependant quelques personnes la repoussent, parce qu’elles trouveraient plus commode de pouvoir effacer leurs méfaits par un simple repentir qui ne coûte que des paroles, et à l’aide de quelques formules ; libre à elles de se croire quittes : elles verront plus tard si cela leur suffit. On pourrait leur demander si ce principe n’est pas consacré par la loi humaine, et si la justice de Dieu peut être inférieure à celle des hommes ? Si elles se tiendraient pour satisfaites d’un individu qui, les ayant ruinées par abus de confiance, se bornerait à leur dire qu’il le regrette infiniment. Pourquoi reculeraient-elles devant une obligation que tout honnête homme se fait un devoir de remplir, dans la mesure de ses forces ?

      Lorsque cette perspective de la réparation sera inculquée dans la croyance des masses, elle sera un frein bien autrement puissant que celle de l’enfer et des peines éternelles, parce qu’elle touche à l’actualité de la vie, et que l’homme comprendra la raison d’être des circonstances pénibles où il se trouve placé.

[4]    Voir ci-dessus, chapitre VI, le Purgatoire, n° 3 et suivants ; et ci-après, chapitre XX : Exemples d’expiations terrestres.Evangile selon le Spiritisme, chapitre V : Bienheureux les affligés.

La tour

« Qui de vous en effet, s’il veut bâtir une tour, ne commence par s’asseoir pour calculer la dépense et voir s’il a de quoi aller jusqu’au bout ? » Jésus (Luc, 14 28)

Il est remarquable qu’à ce stade des enseignements évangéliques le Maître se soit référé à une tour pour symboliser l’effort d’élévation spirituelle de la créature.

La tour et la maison sont des constructions différentes. La première est une forteresse, la seconde est une habitation. La maison est accueillante, la tour élargit la vision.

Lorsqu’un homme de bien a intégré la connaissance spirituelle et met pratique ses principes sacrés, il se trouve chez lui et en même temps construit la tour divine de l’illumination.

Mais généralement on voit dans le monde une majorité de personnes qui ne se sont pas encore occupées de la construction de la maison intérieure et qui parlent chaleureusement de la tour dont ils sont encore très loin.

Le travail en profondeur d’élévation spirituelle n’est pas facile, mais il n’est pas juste de se contenter de lancer des projets sans avoir sérieusement l’intention de se construire.

Il est indispensable de faire ses comptes dans les jours difficiles de travail et de discipline.

Pour atteindre son but le sublime l’homme devra dépenser le patrimoine de ses vieux schémas. Il ne pourra faire ces dépenses qu’à travers le détachement sincère de la vanité humaine, avec beaucoup d’entrain dans le travail d’élévation de soi, de manière à aller au bout dignement.

Tu veux construire une tour de lumière divine ? C’est un juste idéal. Mais ne commence pas cet effort sans avoir d’abord construit ta maison intérieure.


Chapitre 15 du livre Âme et lumière de l’Esprit Emmanuel, psychographié par Francisco Cândido Xavier, pas encore paru en français.

La connaissance de soi

Une étincelle peut allumer un grand feu.
Un petit faisceau de lumière ouvre un chemin dans les ténèbres.
Une once d’onguent apaise la souffrance.
Une sage parole guide une vie.
Un geste d’amour insuffle l’espérance et apporte la paix.

Extrait de l’introduction de A la découverte de soi, de l’Esprit Joanna de Ângelis, psychographié par Divaldo Pereira Franco.

Le vieux levain

Chapitre 64 de Vigne de Lumière, de l’Esprit Emmanuel, psychographié par Francisco Cândido Xavier.


« Purifiez-vous du vieux levain, afin que vous soyez une pâte nouvelle. » – Paul. (I Corinthiens 5 : 7)

Il existe de vieilles fermentations de nature mentale qui sont des poisons dangereux pour l’équilibre de l’âme.

Très souvent, nous observons des compagnons tourmentés par une identification intime avec le passé, toujours prisonniers des ombres de leurs nombreuses réincarnations.

Cependant, il se trouve que, sur terre, les incarnés pour la plupart n’ont pas eu une vie antérieure respectable et digne d’où ils puissent tirer les fruits d’une quelconque exemplarité chrétienne.

Presque tous, nous nous sommes enivrés de la sève mensongère de la vanité à gérer des biens en ce monde, quand nous ne nous grisions pas du vin destructeur du crime, alors que nous étions invités à obéir aux œuvres du Seigneur.

Celui qui dispose de suffisamment de forces et de lumière pour connaître des expériences fracassantes et comprendre sa propre infériorité en relisant les pages vivantes de son passé peut en tirer quelque utilité. Cependant, les apprentis de cet ordre sont encore rares à pouvoir réaliser un travail de récapitulation dans la chair, où la compassion divine accorde au travailleur réprouvé la bénédiction de l’oubli pour valoriser de nouvelles initiatives.

Par conséquent, ne garde pas le vieux levain dans ton cœur.

Chaque jour nous convie à une vie plus noble et plus élevée.

Transformons nous à la clarté du bien infini pour que nous soyons une nouvelle masse spirituelle entre les mains de Notre Seigneur Jésus.

Portrait maternel

De l’Esprit Maria Dolores, psychographié par Francisco Cândido Xavier (chapitre 3 du livre Instants dorés, pas encore traduit en français)


Longtemps après,

Dans le sombre tableau du Calvaire,

Judas, aveugle dans l’au-delà, errait solitaire…

Le paysage était triste,

Le ciel était brumeux…

Lassé du remords et de la souffrance,

Il s’était assis pour pleurer…

C’est alors qu’une noble femme des Plans Supérieurs,

Auréolée de célestes splendeurs

Qu’il ne parvenait pas à distinguer,

Arriva et caressa la tête du malheureux.

Puis sur un ton de profonde tendresse,

Presqu’en prière, elle lui dit :

– Mon fils, pourquoi pleures-tu ?

Ne me dites pas que vous ne savez pas – répondit celui-ci

Avec force colère,

Je suis mort et je suis vivant.

Je me suis tué et je suis à nouveau debout,

Sans consolation, sans foyer, sans amour et sans foi…

N’avez-vous pas entendu parler de Judas, le traître ?

C’est moi qui ai anéanti la vie du Maître…

Au début j’ai cru, moi,

Pouvoir faire de lui un roi,

Mais je n’ai fait que lui imposer

 Sacrifice, martyre et le sang de la croix.

Et ma vie se réduit à présent,

À l’affliction, au châtiment…

Eloignez-vous de moi enfin,

Laissez-moi endurer cet enfer sans fin…

Ne me posez pas de question, retirez-vous Madame,

Vous ne savez rien du chagrin qui m’habite,

Et jamais ne pénétrerez cette douleur sans limite…

Ce drame que je déplore n’appartient qu’à moi…

La dame, calme, toutefois répondit :

– Mon fils, je sais que tu souffres, je sais que tu luttes,

Je sais la douleur du remords qui t’assaille,

Je suis venue te dire qu’en tous lieux

Tu trouveras toujours l’amour en Dieu…

Et sereine elle ajouta :

– La bonté du Ciel ne condamne pas ;

Je viens en mère qui cherche en toi un fils aimé.

Souffre avec patience la douleur et l’épreuve ;

Tu auras bientôt une existence neuve…

Ne te sens jamais seul ou méprisé.

Judas l’interrompit et s’écria, surpris et grossier :

– Mère ? Ne venez pas ici avec vos sarcasmes mensongers.

Après m’être pendu à la branche d’un figuier,

Et m’être réveillé dans la douleur,

Ne pouvant plus m’échapper de la vraie vie,

Je suis allé chercher la force de vivre et de me consoler

Aux pieds de la pauvre mère qui m’a engendré !…

Elle m’a vu en pleurs et a écouté mes lamentations,

Mais elle a eu peur de ma dévastation.

Elle m’a expulsé criant vade retro,

M’a traité de monstre et, au final,

A dit que je n’étais

Qu’un Esprit du mal ;

Elle m’a condamné à un terrible déclassement,

En m’ordonnant de retourner sur le champ

Dans la région infernale d’où sans doute je venais…

Ah ! Je déteste le souvenir de l’horrible mère que j’avais…

Ne me parlez pas d’amour, ne me parlez pas de mères,

Je ne suis qu’un monstre dans la misère…

– Malgré tout – dit la dame doucement –

Tu as beau me récuser, pour moi cela ne change rien ;

Je t’aime mon fils, je t’aime et je veux bien

Voir ta vie à nouveau revêtue

De paix et de lumière, de foi et d’aspirations élevées…

Tu viendras avec moi sur la Terre,

Tu perdras peu à peu ton courroux fougueux,

Ton cœur baignera

Dans les eaux de l’oubli bienheureux.

Dans une nouvelle existence d’espérance,

Avec moi je t’amènerai

A un abri de paix,

Je te donnerai une nouvelle mère ! Pense et repose-toi !…

Et Judas, à ce moment précis,

Comme s’il avait oublié sa douleur infinie

Ou comme quelqu’un qui sort

D’un cauchemar atroce,

Demanda : – Qui êtes-vous ?

Pourquoi me parlez-vous ainsi, sachant que j’ai trahi ?

Vous êtes une femme divine, que l’amour irradie

Ou un ange céleste dont je pressens la lumière ?!…

Et elle, le dévisageant de front,

Répondit sans façon :

– Mon fils, je suis Marie, je suis la mère de Jésus.

Saint Paul précurseur du Spiritisme

Article paru dans la Revue Spirite de décembre 1863.


La communication suivante a été obtenue dans la séance de la Société de Paris du 9 octobre 1863 :

« Que de jours se sont écoulés depuis que je n’ai eu le bonheur de m’entretenir avec vous, mes bien chers enfants ! aussi, est-ce avec une bien douce satisfaction que je me retrouve au milieu de ma chère Société de Paris.

De quoi vous entretiendrai-je aujourd’hui ? La plupart des questions morales ont été traitées par des plumes habiles ; néanmoins, elles sont tellement de mon domaine et leur champ est si vaste, que je trouverai bien encore quelques grains de vérité à glaner. Au surplus, quand bien même je ne ferais que redire ce que d’autres vous ont déjà dit, il en ressortira peut-être quelques nouveaux enseignements, car les bonnes paroles, comme les bonnes semences, portent toujours leurs fruits.

Les livres saints sont pour nous des greniers inépuisables, et le grand apôtre Paul, qui jadis a tant contribué à l’établissement du Christianisme par sa puissante prédication, vous a laissé des monuments écrits qui serviront non moins énergiquement à l’épanouissement du Spiritisme. Je n’ignore pas que vos adversaires religieux invoquent son témoignage contre vous ; mais cela n’empêche pas que l’illustre illuminé de Damas ne soit pour vous et avec vous, soyez-en bien convaincus. Le souffle qui court dans ses épîtres, l’inspiration sainte qui anime ses enseignements, loin d’être hostile à votre doctrine, est au contraire remplie de singulières prévisions en vue de ce qui arrive aujourd’hui. C’est ainsi que, dans sa première aux Corinthiens, il enseigne que, sans la Charité, il n’existe aucun homme, fût-il saint, fût-il prophète, transportât-il des montagnes, qui puisse se flatter d’être un véritable disciple de Notre-Seigneur Jésus-Christ. Comme les Spirites, et avant les Spirites, ce fut lui qui proclama le premier cette maxime qui fait votre gloire : Hors la charité point de salut ! Mais ce n’est pas par cet unique côté qu’il se rattache à la doctrine que nous vous enseignons et que vous propagez aujourd’hui. Avec cette haute intelligence qui lui était propre, il avait prévu ce que Dieu réservait à l’avenir, et notamment, cette transformation, cette régénération de la foi chrétienne, que vous êtes appelés à asseoir profondément dans l’esprit moderne, puisqu’il décrit dans l’épître déjà citée, et d’une manière indiscutable, les principales facultés médianimiques qu’il appelle les dons bénis du Saint-Esprit.

Ah ! mes enfants, ce saint docteur contemple, avec une amertume qu’il ne peut dissimuler, le degré d’avilissement où sont tombés la plupart de ceux qui parlent en son nom, et qui proclament, urbi et orbi, que Dieu a jadis donné à la terre toute la somme de vérités que celle-ci était capable de recevoir. Et pourtant, l’apôtre s’était écrié qu’en son temps il n’avait qu’une science et que des prophéties imparfaites. Or, celui qui se plaignait de cette situation savait par cela même que cette science et ces prophéties se perfectionneraient un jour. N’est-ce pas là la condamnation absolue de tous ceux qui condamnent le progrès ? N’est-ce pas là le plus rude échec pour ceux qui prétendent que le Christ et les apôtres, les Pères de l’Eglise et surtout les révérends casuistes de la Compagnie de Jésus, ont donné à la terre toute la science religieuse et philosophique à laquelle celle-ci avait droit ? Heureusement l’apôtre lui-même a pris soin de les démentir d’avance.

Mes chers enfants, pour apprécier à leur valeur les hommes qui vous combattent, vous n’avez qu’à étudier les arguments de leur polémique, leurs paroles acerbes et les regrets qu’ils témoignent, comme le R. P. Pailloux, que les bûchers soient éteints, et que la Sainte Inquisition ne fonctionne plus ad majorem Dei gloriam. Mes frères, vous avez la charité, ils ont l’intolérance : ils sont donc bien à plaindre ; c’est pourquoi je vous convie à prier pour ces pauvres égarés, afin que l’Esprit-Saint, qu’ils invoquent si souvent, daigne enfin éclairer leur conscience et leur cœur. »

François-Nicolas Madeleine.

A cette remarquable communication, nous ajouterons les paroles suivantes de saint Paul, tirées de la première épître aux Corinthiens :

Mais quelqu’un me dira : En quelle manière les morts ressusciteront-ils, et quel sera le corps dans lequel ils reviendront ? – Insensés que vous êtes ! ne voyez-vous pas que ce que vous semez ne reprend point de vie, s’il ne meurt auparavant ? Et quand vous semez, vous ne semez pas le corps de la plante qui doit naître, mais la graine seulement, comme du blé ou de quelque autre chose. Après quoi Dieu lui donne un corps tel qu’il lui plaît, et il donne à chaque semence le corps qui est propre à chaque plante. Toute chair n’est pas la même chair ; mais autre est la chair des hommes, autre la chair des bêtes, autre celle des oiseaux, autre celle des poissons.

Il y a aussi des corps célestes et des corps terrestres ; mais les corps célestes ont un autre éclat que les corps terrestres. Le soleil a son éclat, qui diffère de l’éclat de la lune, comme l’éclat de la lune diffère de l’éclat des étoiles, et, entre les étoiles, l’une est plus éclatante que l’autre.

Il en arrivera de même dans la résurrection des morts. Le corps, comme une semence, est maintenant mis en terre plein de corruption, et il ressuscitera incorruptible. Il est mis en terre tout difforme, et il ressuscitera tout glorieux. Il est mis en terre privé de mouvement, et il ressuscitera plein de vigueur. Il est mis en terre comme un corps animal et il ressuscitera comme un corps spirituel. Comme il y a un corps animal, il y a un corps spirituel.

Je veux dire, mes frères, que la chair et le sang ne peuvent posséder le royaume de Dieu, et que la corruption ne possédera point cet héritage incorruptible. » (Saint Paul, 1er ép. aux Corinth., ch. xv, v. de 35 à 44 et 50.)

Que peut être ce corps spirituel, qui n’est pas le corps animal, sinon le corps fluidique dont le Spiritisme démontre l’existence, le périsprit dont l’âme est revêtue après la mort ? A la mort du corps, l’Esprit entre dans le trouble ; il perd pour un instant la conscience de lui-même ; puis il recouvre l’usage de ses facultés, il renaît à la vie intelligente, en un mot il ressuscite avec son corps spirituel.

Le dernier paragraphe, relatif au jugement dernier, contredit positivement la doctrine de la résurrection de la chair, puisqu’il dit : « La chair et le sang ne peuvent posséder le royaume de Dieu. » Les morts ne ressusciteront donc pas avec leur chair et leur sang, et n’auront pas besoin de rassembler leurs os dispersés, mais ils auront leur corps céleste, qui n’est pas le corps animal. Si l’auteur du Catéchisme philosophique avait bien médité le sens de ces paroles, il aurait pu se dispenser de faire le savant calcul mathématique auquel il s’est livré, pour prouver que tous les hommes morts depuis Adam, ressuscitant en chair et en os, avec leur propre corps, pourraient parfaitement tenir dans la vallée de Josaphat, sans être trop gênés[1].

Saint Paul a donc posé en principe et en théorie ce qu’enseigne aujourd’hui le Spiritisme sur l’état de l’homme après la mort.

Mais saint Paul n’est pas le seul qui ait pressenti les vérités enseignées par le Spiritisme ; la Bible, les Évangiles, les apôtres et les Pères de l’Église en sont remplis, de sorte que condamner le Spiritisme, c’est désavouer les autorités mêmes sur lesquelles s’appuie la religion. Attribuer tous ses enseignements au démon, c’est lancer le même anathème sur la plupart des auteurs sacrés. Le Spiritisme ne vient donc point détruire, mais au contraire rétablir toutes choses, c’est-à-dire restituer à chaque chose son véritable sens.


[1] Catéchisme philosophique, par l’abbé de Feller, t. III, p. 83.